Pour cette dix-huitième étape de notre voyage, nous entrons en Colombie. Nous roulons de la frontière équatorienne à Medellin, deuxième ville du pays, en suivant principalement la Cordillère Centrale. Après avoir emprunté des axes assez fréquentés jusqu’à Cali, nous optons pour un itinéraire de plus petites routes, notamment dans la très belle région du café, el Eje Cafetero. Nos débuts en Colombie ont surtout été marqué par la joie de vivre de ses habitants et par la faune et la flore exotique.
Au programme : des oiseaux colorés, de la chaleur tropicale, de la canne à sucre, des palmiers, du café et du vélo …
L’étape en bref
Les chiffres de l’étape
Distance | 1 071 km // Total = 10 610 km |
Durée | 27 jours, dont 19 jours de vélo |
Crevaisons / Casses | 5 crevaisons 🙁 |
Nuits | 16 nuits en auberge 7 nuits chez l'habitant (réseau Warmshowers) 4 nuits en camping (dont 3 la Casa Bici Pasto) |
Le trajet
Nos coups de cœur
♥ La faune et la flore exotique de la Colombie
♥ La vallée de Cocora, avec ses palmiers de cire pouvant atteindre jusqu’à 60 m !
♥ La région du café, el Eje Cafetero, avec ses beaux paysages et ses petits villages typiques
Nos aventures en détail
1. Nos débuts en Colombie : la route du sud, jusqu’à Cali
Nous passons notre première nuit colombienne à Ipiales, juste après avoir passé la frontière avec l’Equateur. Le lendemain, avant de reprendre la route, nous allons visiter le sanctuaire de Las Lajas. Fierté nationale, le site est classé comme l’une des 7 merveilles de la Colombie. Cette basilique, de style néo-gothique a été construite sur un pont, à 50 m au-dessus d’une rivière, à l’endroit où une petite-fille muette aurait retrouvé la parole.
Après cette visite culturelle, nous prenons la route jusqu’à la ville de Pasto. Nous campons à la Casa Bici de Pasto : un lieu récemment créé par John pour accueillir les voyageurs à vélo de passage. L’endroit est très sympathique et, bien que nous y écopions des pluies fortes et soudaines typiques de la saison, nous y resterons 2 jours. Nous y rencontrons Sophie et Jérémy, qui voyagent depuis l’Alaska et qui descendent jusqu’à Ushuaïa. Nous discutons bien, partageons nos bons plans et nos expériences de voyageurs. A la Casa Bici de Pasto, il y a aussi les Bicionarios, 3 Colombiens qui sont partis découvrir les initiatives alternatives locales qui existent en Amérique du Sud. Nous formons un bon petit groupe tous les sept, c’est la bonne ambiance 😊
Entre Pasto et Popayan, nous avons 4 jours de route. Nous traversons de beaux paysages de montagnes verdoyantes, beaucoup moins peuplées qu’en Equateur ou au Pérou. Nous découvrons aussi avec plaisir une faune et une flore exotique : des papillons de toutes les couleurs, des oiseaux et des colibris et de belles fleurs qui embellissent la route. Il fait très chaud car nous sommes redescendus à des altitudes assez basses. Pour profiter de la fraîcheur de l’aube, nous nous levons à 5h et prenons la route juste au lever du soleil, un peu avant 6h. Autant vous dire qu’on ne fait pas de vieux os le soir venu 😉
Arrivés à Popayán, nous prenons une journée de repos pour visiter cette belle ville coloniale. Popayán est l’une des premières villes coloniales fondées en Colombie. C’est aujourd’hui une petite capitale régionale, plutôt tranquille. Sa particularité est que tous les bâtiments du centre historique sont blancs, d’où son surnom de ville blanche. A l’origine, les façades de la ville avaient été recouvertes de chaux (pour ses propriétés antiseptiques) pour lutter contre une invasion d’insectes porteurs de maladies. Aujourd’hui, tous ceux qui habitent le centre historique ont l’obligation de repeindre leur façade en blanc tous les ans !
De Popayán (1.750 m d’altitude), nous descendons dans la vallée du fleuve Cauca (950 m d’altitude) pour rejoindre Cali. Nous roulons même une journée entière sur le plat, au niveau du fleuve : ça faisait longtemps ! En entrant dans la vallée du Cauca, nous entrons dans la région de la canne à sucre de Colombie. Tout semble exploité pour la production de la canne à sucre et le transport des cannes coupées se fait dans de gros camions à 4 ou 5 remorques. Ici, ils appellent ça les tren cañero, c’est-à-dire les « trains sucriers » 😊 Juste avant d’arriver à Cali, nous passons la barre symbolique des 10.000 km de vélo depuis Ushuaïa !
Nous arrivons à Cali sous une chaleur écrasante et découvrons une ville complètement inadaptée au vélo … Cali est la troisième ville de Colombie avec 2,5 millions d’habitants. Nous prenons une journée de repos pour la visiter et sommes assez déconcertés par cette grosse métropole. Il y a quelques quartiers agréables, comme le quartier San Antonio. Mais pour le reste, le centre historique de Cali a été en grande majorité détruit par de nombreux tremblements de terre et les bâtiments coloniaux ont été remplacés par des grands gratte-ciels, très inesthétiques.
2. Découverte de l’hospitalité colombienne
Nous reprenons donc la route vers le nord, pas mécontents de quitter Cali. Il nous faudra cependant des nerfs d’acier et une sacrée maitrise de nos montures à travers la circulation de la ville pour en sortir définitivement. Nous sommes toujours dans la vallée du Cauca et la route est relativement facile, presque plate encore une fois ! Nous nous arrêtons au petit village de Yotoco, où nous sommes hébergés par Blanca et Toño, par le biais du site Warmshowers, le réseau social d’entraide entre cyclistes. C’est la première fois que nous nous faisons héberger en Colombie et nous avions hâte de découvrir la légendaire hospitalité des Colombiens. Et avec Blanca et Toño, nous ne serons pas déçus !
Blanca et Toño hébergent également Germain et Edgar, deux cousins de Saint-Malo, partis de Bogota il y a 10 jours. Ils débutent tout juste un voyage de 8 mois et sont avares de tous les conseils que nous pouvons leur donner. Et nous, nous sommes bien contents de partager nos coups de cœur et nos bons plans 😊 Nous nous sentons tous tellement bien chez Blanca et Toño que nous décidons tous les 4 de rester une journée supplémentaire à Yotoco. Nous faisons des crêpes, partageons des discussions très enrichissantes avec nos hôtes, allons promener Bruno le chien, manger des glaces sur la place du village, … Bref, on est tranquilles !
Le lendemain, tous le monde se prépare à reprendre la route. Germain et Edgar vers le sud et nous deux vers le nord. Comme nous sommes dimanche et que personne ne travaille, Blance et Toño nous accompagnent pour notre étape du jour. Nous souhaitons une bonne route à Germain et Edgar et roulons à 4, jusqu’à Bugalagrande, où nous attend Carolina, une autre membre du réseau Warmshowers.
Arrivés à Bugalagrande, c’est avec un petit pincement au cœur que nous quittons Blanca et Toño. Ce sont des rencontres comme celles-ci qui marquent le voyage … Nous passons une très bonne soirée avec notre nouvelle hôte du jour, découvrons de la bonne musique colombienne et cuisinons ensemble. Le lendemain, nous quittons la région de la canne à sucre et entrons dans la région du café. Après une journée bien chaude, c’est chez Hernando que nous logeons. Jamais deux sans trois 😉 Depuis qu’il s’est inscrit sur le site Warmshowers en 2013, Hernando a déjà reçu près de 200 cyclistes ! Il tient un restaurant de grillades et vit dans une maison de guadua, une espèce de bambou local. Encore une fois, nous profitons de l’hospitalité colombienne, qui n’est définitivement pas un mythe.
3. El Eje Cafetero : la région du café colombien
Après une bonne nuit de repos, Hernando nous accompagne sur une quinzaine de kilomètres, jusqu’au début de la piste qui mène au village de Salento. La piste est très belle, elle traverse de très beaux paysages typiques de la région du café : de petites collines verdoyantes recouvertes de plantation de café. En chemin, nous nous arrêtons d’ailleurs à la finca Don Elias pour visiter la plantation et en connaître un peu plus sur la production du café ici.
La visite de cette petite exploitation artisanale de 4 hectares est très intéressante. Aucun produit chimique n’est utilisé ici, mais c’est loin d’être le cas des autres plantations de la région. Chez Don Elias, le principe de la permaculture est appliqué : les bananiers retiennent l’eau du sol, les plans d’aloé vera éloignent les insectes et les mandariniers servent d’insecticide naturel. La récolte a lieu deux fois par an, en mars et en novembre. Les grains de café de la meilleure qualité sont destinés au marché occidental et il ne reste plus que la pasilla pour les Colombiens. Ces grains de café contiennent jusqu’à 90% d’eau et sont achetés par Nescafé (ou autres …) pour faire du café lyophilisé. Le café de bonne qualité est tellement cher pour les Colombiens que même Don Elias, le propriétaire de l’exploitation, boit du café lyophilisé !
Nous arrivons à Salento juste avant une averse digne de la mousson asiatique et avons juste le temps de nous mettre à l’abri d’un petit restaurant pour l’almuerzo. Le village de Salento est le plus vieux village de la petite région du Quindio. Il fait partie de ses villages colombiens qui ont su préserver les belles maisons colorées d’origine coloniale.
Le lendemain, nous partons randonner dans la Vallée de Cocora. De la place centrale de Salento, nous prenons une jeep pour rejoindre le départ du sentier de randonnée. Il fait beau et nous commençons par longer une petite rivière avant de nous enfoncer dans une épaisse forêt tropicale. La forêt est très humide et la végétation est luxuriante. Au fur et à mesure que le sentier grimpe dans la forêt, nous nous retrouvons dans les nuages et nous finissons carrément par nous prendre la pluie …
En redescendant, nous sortons du nuage et découvrons avec plaisir les fameux palmiers de cire. Ceux-ci peuvent atteindre jusqu’à 60 m de hauteur, ce qui en fait l’espèce de palmiers la plus haute du monde ! Bref, pas facile de les prendre en photos en entier 😉
Après cette petite journée de randonnée, nous reprenons nos vélos et continuons à rouler à travers la région du café, el Eje Cafetero. De Manizales à Aguadas, nous empruntons les petites routes et profitons de points de vue superbes sur les vallées et les plantations de café. Là aussi, la végétation est exotique et la route est ponctuée de petits villages typiques. La route est tranquille, on y croise beaucoup de jeeps chargées de bananes ou de fermiers à cheval. Cet itinéraire très authentique se mérite à vélo, car les dénivelés sont importants et aucune route n’est plate … Montée, descente, montée, descente, … Nous en avons bien sués !
Nous rejoignons ensuite Medellin, deuxième ville du pays, en évitant les grands axes et en empruntant les petites routes. A Medellin, nous sommes hébergés par Damien et Ana de Warsmshowers, un couple franco-colombien. Nous y restons deux jours pour nous reposer et visiter cette ville à l’histoire récente très riche. La suite au prochain épisode 😊
Le lexique franco-colombien des Increvables Voyageurs
✏ Que chevere! : Génial ! Trop cool ! Car oui, le Colombien adore utiliser ce type d’expressions superlatives pour exprimer sa joie, son soutien, son adhésion à une idée, … Par exemple : « Ah vous voyagez en vélo depuis l’Argentine ! Que chevere ! » 😊
✏ La panela : la panela. C’est un produit sucrant, issu du jus de canne à sucre, qui est ensuite cuit en mélasse puis moulé et refroidit sous forme de blocs. La panela sert dans de nombreuses préparations colombiennes, notamment dans une boisson bien rafraîchissante, l’aguapanela : de l’eau, avec de la panela dissoute et du jus de citron. Nous avons aussi goûté à la chaqueta : du café avec de l’aguapanela chaude !
✏ Un tinto : un café. Car oui, la Colombie est un des plus grands producteurs de café au monde. La culture du café est extrêmement répandue en Colombie et, sur les petites places des villages, il y aura forcément un vendeur ambulant qui aura préparé un thermos de café 😊
✏ Las chivas : les chivas. Une chiva est un moyen de transport collectif typiquement colombien : un châssis d’autobus et un corps en bois multicolore. Les chivas circulent surtout dans les zones rurales, entre les différents villages, et elles transportent souvent des quantités de choses incroyables !
4 Commentaires
Hugo & Alix
6 novembre 2018 le 18 h 40 minQuel magnifique périple !! La Colombie regorge visiblement de belles choses. La couleur et l’exotisme au rendez-vous, on dirait presque que tout est propre et respectueux de l’environement… Seuls les vadrouilleurs pourront le confirmer (ou l’infirmer !). Vos photos sont toujours au top et quelles chance de voyager encore. Nous, ça nous manque beaucoup ! Bravo pour les 10 000km et cette étape qui en représentent un dixième. Mais ça fait une crevaison tous les 200 bornes tout ça !! Va falloir réduire en dulce de leche !! 😂 Bisous à vous !
Pauline & Simon
7 novembre 2018 le 2 h 22 minChut pour le dulce de leche … 😁 c’est vrai que tout est assez propre en Colombie, sur les routes en tout cas, rien à voir avec le Pérou !
Bisous à vous 😊
Pascal&Odile
20 novembre 2018 le 2 h 20 minHello les grands voyageurs ! Impressionnants ces paysages, cette faune et cette flore, et tellement différents des étapes précédentes. Plein les mirettes moi je vous le dit.
ravitaillez vous en rustines pour les derniers kilomètres, on dirait que cela s’impose 😊 ! Et encore bravissimo pour les 10 000 km. Bisous des prinquettois
Pauline & Simon
21 novembre 2018 le 2 h 55 minOui, le stock de rustines s’amenuise bien … Bisous à vous 😘