Pour cette dix-neuvième étape de notre voyage, nous roulons toujours en Colombie. De la Cordillère Centrale, que nous avions suivi jusqu’à Medellin, nous passons à la Cordillère Orientale. Nous redescendons donc dans la vallée, presque au niveau de la mer, pour remonter ensuite dans les montagnes. Ces régions sont truffées de petits villages coloniaux où le temps semble s’être arrêté. Ici encore nous faisons l’expérience de la générosité des Colombiens.
Au programme : des villages pittoresques, des fèves de cacao, un impressionnant canyon et du vélo …
L’étape en bref
Les chiffres de l’étape
Distance | 800 km // Total = 11 410 km |
Durée | 20 jours, dont 14 jours de vélo |
Crevaisons / Casses | 3 crevaisons 🙁 |
Nuits | 11 nuits en auberge 7 nuits chez l'habitant (dont 3 réseau Warmshowers) 2 nuits en camping |
Le trajet
Nos coups de cœur
♥ Les environs du village de Guatapé
♥ Villa de Leyva, l’un des plus beaux villages de Colombie
♥ La tranquillité du petit village pittoresque de Barichara
Nos aventures en détail
1. En descendant de la Cordillère Centrale
Nous vous avions laissés à Medellin, sans vraiment vous parler de l’histoire de cette ville, très riche sur les 40 dernières années. Medellin était en effet le fief de nombreux narco-trafiquants, notamment du tristement célèbre Pablo Escobar. Dans les années 70-90, la ville était réputée pour être l’une des plus dangereuses de Colombie, voire du monde. Elle était le théâtre quotidien de violences dues au narcotrafic. Aujourd’hui, même les quartiers les plus sensibles alors ont été repris des mains des narco-trafiquants et la vie y est redevenue sans danger. Nous visitons par exemple le quartier de Comuna 13, qui est aujourd’hui devenu très touristique grâce à quelques aménagements urbains (un escalator pour désenclaver la colline) et aux fresques peintes sur les murs par des artistes locaux et internationaux.
Medellin est aujourd’hui l’une des villes les plus modernes de Colombie et d’Amérique du Sud. Elle possède un très beau métro, qui fait d’ailleurs la fierté des habitants, et de grands centres d’affaires. Peu intéressante pour le voyageur en quête d’authenticité colombienne, Medellin est une ville gigantesque qui s’étend à perte de vue, jusque sur les dizaines de collines environnantes. Nous avons tout de même apprécié notre petite halte dans la deuxième ville de Colombie, qui nous a permis de découvrir un peu mieux l’histoire récente du pays.
A Medellin, nous décidons de bifurquer vers l’est et de faire un petit détour par la Cordillère Orientale avant de rejoindre la côte. Nous quittons donc Damien, Ana et Paul, qui nous ont gentiment hébergés en banlieue de Medellin et prenons la direction du village de Guatapé. Ce village est réputé pour ses maisons colorées et pour sa belle nature environnante. Nous y arrivons après 2 jours de route et tombons en plein sur une course de vélo 😉 Le Giro de Rigo (c’est le nom de la course) regroupe quelques beaux noms du cyclisme colombien (Uran) et même international, comme Chris Froome.
Avec nos gros vélos, nous nous sentons un peu décalés, voire de trop au milieu de tous ces coureurs aux vélos ultra-léger et ultra-performant … C’est au moment de chercher un hébergement que nous déchantons encore plus : tout est plein à cause de la course ! Nous finissons par trouver une auberge où nous pouvons camper à 2 km du village. Nous sommes finalement bien installés, au calme et loin de l’agitation de la course.
De Guatapé, nous continuons notre route vers l’est et redescendons de la Cordillère Centrale. Nous empruntons de belles petites routes de terre, très calmes mais parfois peu praticables … Et nous voilà bientôt pratiquement au niveau de la mer, hors des montagnes pour quelques dizaines de kilomètres. Nous traversons le rio Magdalena qui marque le fond de la vallée et la séparation entre les deux Cordillères.
2. La difficile remontée dans la Cordillère Orientale
Pour remonter dans la Cordillère Orientale, nous empruntons la route nationale 60, qui se révèle être une bien mauvaise piste sur 75 km. Cette route est très peu fréquentée et les quelques maisons qui sont sur le bord de la route sont bien isolées. La végétation qui nous entoure est typique de la forêt tropicale humide. Il fait donc chaud et humide et pour couronner le tout, nous sommes sur le territoire des moustiques … Nous sommes maintenant dans une région de culture du cacao et il y a beaucoup de cacaotiers au bord de la route, avec leurs belles cabosses rougeoyantes.
En fin d’après-midi, Simon crève. Alors que nous sommes en train de réparer la crevaison, nous commençons à étudier nos options pour la nuit. Il n’y a vraiment pas l’air d’avoir grand-chose sur cette route et peu d’endroits plats où camper. En contrebas de la route, nous apercevons une maison avec des enfants. Il y a l’air d’avoir un peu de terrain plat autour : nous tenter notre chance et allons demander à la famille si nous pouvons camper ici cette nuit. Ils paraissent un peu surpris par notre demande mais acceptent et nous propose tout de suite une aguapanela pour nous rafraîchir. Nous plantons donc la tente, avec l’aide des enfants, très intrigués par notre maison. Il n’y a absolument aucune autre habitation à l’horizon, la famille vit ici de l’élevage de quelques vaches, de poules, de dindons, …
Durant la nuit, nous essuyons un sacré orage qui a même raison de l’imperméabilité de notre tente : nous ne nous réveillons pas dans une flaque mais nous avons tout de même pris l’eau … Nous repartons donc avec tout notre équipement trempé, peu enthousiastes à l’idée de pédaler dans cette jungle humide. La route est vraiment en mauvais état, nous passons des petits cours d’eau et poussons pas mal nos vélos. Alors que nous sommes dans une montée bien raide, un 4×4 s’arrête à notre niveau. Il semble déjà plein à craquer mais le conducteur nous assure qu’il peut faire rentrer nos vélos et nous avancer un petit peu.
Effectivement, tout fini par rentrer ! A chaque fois qu’il passe devant une maison, notre chauffeur klaxonne : c’est en fait une sorte de maraîcher ambulant, qui vend des fruits et légumes aux habitants isolés. Du coup, nous faisons beaucoup de pauses et n’avançons pas très vite. Surtout que le 4×4 finira même par crever ! Bon, la crevaison est réparée en deux temps trois mouvements mais au final, nous aurons mis 1h30 pour faire 12 km … Drôle d’expérience dans tous les cas 😉
Le jour suivant, nous sommes au village de Pauna. Nous avons un peu de mal à trouver un logement car c’est la fête annuelle des fruits ! Le programme des festivités est assez peu clair, mais nous tombons quand même sur une belle danse de jeunes filles en robes traditionnelles avec des paniers de fruits. Pour le reste, nous comprenons que c’est surtout l’occasion pour les gens des environs de se retrouver pour boire de la Poker, la Heineken de Colombie !
Le lendemain, nous faisons encore une fois l’expérience de l’extrême gentillesse des Colombiens. Du village de Pauna, nous avons 28 km de montée pour retourner bel et bien au cœur des montagnes. Alors que nous faisons quelques courses à la boulangerie du village avant de partir, des enfants nous questionnent : « Est-ce que vous êtes des gringos ?
– Ça dépend, c’est quoi pour toi un gringo ?
– Quelqu’un qui vient d’un autre pays, comme du Canada.
– Dans ce cas là oui, car nous venons de France.
– Ah et il faut un avion pour aller en France ou on peut y aller en voiture ? »
Résultat, ils convainquent leurs parents de nous monter à l’arrière du pick-up et de nous avancer sur 7 km. Déjà un quart de la montée en moins 😉 Sur le reste de la côte, nous nous ferons successivement offrir des barres de chocolat par un cycliste, des sodas par un fermier et des mandarines par un couple qui passait en voiture. On devait vraiment avoir l’air épuisés de cette montée !
Nous finissons cette journée à la ville de Chiquinquira. Comme nous sommes en plein dans un week-end de 3 jours, nous avons bien du mal à trouver un lieu où passer la nuit : beaucoup d’hôtels sont pleins ou hors de prix … Nous allons tenter notre chance chez les pompiers et à la maison paroissiale mais on nous dit qu’on ne peut pas nous aider. Alors que nous faisons un dernier tour de la ville pour trouver une chambre dans un hôtel, nous nous faisons aborder par Cristian. Il a compris que nous étions en pleine galère et nous propose de nous héberger dans l’appartement de ses parents ! Nous voilà donc sauvés pour ce soir 😊
3. Les petits villages pittoresques de la Cordillère Orientale
Après avoir dit un grand merci à notre famille d’accueil, nous reprenons la route en direction de Villa de Leyva, connu pour être l’un des plus beaux villages de Colombie. Mais avant, sur les conseils de Cristian, nous faisons un petit détour au village de Raquira, connu lui pour ses poteries et ses belles façades colorées. Le village est en effet très beau, mais comme nous sommes en week-end prolongé, il est carrément envahi de touristes … Nous ne nous y attardons pas et reprenons la route après avoir déjeuner un petit almuerzo.
Nous arrivons à Villa de Leyva en après-midi et trouvons rapidement une chambre qui nous plaît. Nous y resterons deux jours pour nous reposer de ces 7 jours de route d’affilé. Non pas qu’il y ait tant de sites à visiter à Villa de Leyva mais simplement parce le village est calme, agréable et que nous avons besoin de repos ! Le village est très pittoresque, avec toutes ces maisons coloniales blanches qui arborent de belles portes ou de beaux balcons en bois. L’un des principaux attraits de Villa de Leyva est l’immense place principale, qui est extraordinairement disproportionnée par rapport à la taille du village !
Nous roulons ensuite trois jours dans les montagnes, jusqu’à un autre petit village pittoresque : Barichara. Bien que nous y arrivions un samedi, le village est étonnamment calme. Avec ses petites ruelles en pente, ses gros pavés plats et ses maisons blanches, le village a un charme fou. Le temps semble bien s’être arrêté ici ! Nous profitons de cette douce atmosphère pour y rester une journée à nous reposer. Nous allons nous promener au village de Guane, un autre tout petit village qui se trouve lui au bout de la route. Il n’y a plus rien ensuite ! La végétation est plus sèche qu’avant et avec le bruit des grillons, on se croirait presque en Provence 😉
En quittant Barichara, nous passons par le canyon del Chicamocha. Nous avons d’abord 30 kilomètres de descente, qui nous font passer de 1.900 m d’altitude à 500 m d’altitude, c’est-à-dire du frais au chaud. Nous descendons tout au fond du canyon et la route est superbe. Arrivés en bas, il nous faut remonter jusqu’à 1.200 m d’altitude. La route est encaissée cette fois, fini les beaux paysages de canyon … Les 30 kilomètres de descente sont passés bien vite !
Nous sommes proches de la frontière avec le Venezuela et de nombreux Vénézuéliens marchent au bord de la route. Ils fuient leur pays où la situation politique et économique n’est plus tenable et espèrent trouver mieux ici en Colombie, en Equateur ou même plus loin. Avec des valises, parfois une poussette et un bébé, ils marchent sous une chaleur de plomb, jusqu’à ce que quelqu’un veuille bien les prendre en stop pour les avancer un petit peu. Cette situation nous fait bien mal au cœur …
A Floridablanca, nous sommes hébergés par Gerardo, rencontré via Warmshowers. Encore une fois, c’est une des belles rencontres du voyage. Nous pensions y rester seulement une nuit mais passerons 3 nuits chez Gerardo. Il est artiste peintre, adore le vélo et sa région et il est très content de nous la faire découvrir. Nous partons successivement faire un tour en vélo (sans les sacoches !) dans les collines alentours puis faire une petite randonnée pour se baigner dans une cascade bien fraîche. Après quelques jours de route sur des axes fréquentés, nous sommes bien contents de découvrir des régions plus calmes !
Après ces deux journées de repos, nous sommes prêts à attaquer les 100 derniers kilomètres de montagne, avant de finir notre voyage sur le plat jusqu’à Carthagène 😉
Le lexique gourmand franco-colombien des Increvables Voyageurs
🍴 Las arepas : les arepas sont des galettes un peu épaisses de farine de maïs. Elles sont souvent servies au petit-déjeuner en remplacement du pain mais servent aussi d’encas au cours de la journée. Elles peuvent être garnies de fromage ou nature mais sont dans tous les cas un incontournable de la cuisine colombienne !
🍴 El bocadillo : la pâte de fruit. Ceux qui ont révisé leur espagnol savent qu’un bocadillo, en Espagne, c’est un sandwich. Mais ici, les mots prennent parfois une autre signification et le bocadillo est une pâte de fruit à la goyave. Le nouveau petit pêché mignon de Simon pour un coup de boost dans les montées 😉
🍴 El salpicon : les Colombiens vous diront que c’est une boisson, pour nous le salpicon s’apparente plus à une salade de fruits avec beaucoup de jus. Ce sont en fait des fruits (exotiques) coupés en petits morceaux et qui ont rendus beaucoup de jus. Servi dans un verre, le salpicon se déguste à la cuillère. C’est très rafraîchissant et parfait pour une petite pause sur la route !
🍴 Un helado : une glace. Car avec les chaleurs qu’il fait, on a du mal à se refuser une petite pause glacée dans l’après-midi 😊 Il n’y a malheureusement pas de vraie culture des glaces crémeuses en Colombie et nous finissons souvent par acheter des glaces industrielles … Sauf quand nous trouvons des glaces à l’eau faite maison, simplement congelées dans un petit gobelet avec un bâtonnet : à 500 pesos pièce (environ 0,15€), on aurait tort de se priver !
3 Commentaires
Pascal et Odile
3 décembre 2018 le 8 h 21 minYooo ! Les colombiens sont vraiment formidables, et c’est toujours aussi formidable de vous lire. Milles bises
Stéphane
10 décembre 2018 le 22 h 12 minBonjour Pauline et Simon,
C’est splendide ! Bravo pour ce magnifique blog, toutes ses belles photos, et vos récits très complets !
Je vous souhaite le meilleur pour le reste de votre voyage.
Bises
Stéphane
Pelhâte Y-P
17 décembre 2018 le 8 h 09 minSuperbe reportage; à très bientôt à Lyon St Ex. Bises des Genassiens