Carnet de route

Les montages russes péruviennes : de Cusco à Cerro de Pasco

Pour cette treizième étape de notre voyage, nous quittons Cusco pour pédaler au cœur des montagnes du Pérou. Celles-ci se révéleront être de véritables « montagnes russes » : la route monte à 4.000 m, pour redescendre à 2.000 m, avant de remonter de nouveau ! Bref, nos mollets (et nos freins !) ont été mis à rude épreuve. Pour nous avancer un peu, nous finirons par prendre le bus. Mais le trajet en bus sera lui aussi une vraie aventure. Quoi qu’il en soit, cette étape montagnarde nous aura permis de faire de belles rencontres.

Au programme : des montées interminables, des descentes beaucoup trop courtes, des cochons d’Inde, des chauffards péruviens, le sauvetage d’un agneau et du vélo …


L’étape en bref

Les chiffres de l’étape

Distance621 km // Total = 7 543 km
Durée14 jours, dont 11 jours de vélo
Crevaisons / Casses2 crevaisons 🙁
Nuits8 nuits en auberge
5 nuits dans divers lieux (école, municipalité, ...)
1 nuit en bivouac

Le trajet

Nos coups de cœur

♥ Les paysages des vallées aux routes en lacets interminables entre Cusco et Andahuaylas
♥ Nos rencontres avec les Péruviens
♥ La cuisine péruvienne 😊


Nos aventures en détail

1. De Cusco à Andahuaylas : ça monte et ça descend !

Nous avons du mal à quitter Cusco. D’une nous nous sentons vraiment bien ici, dans notre petite auberge la Estrellita, avec son petit déjeuner servi au soleil dans le patio. Et de deux, nous devons dire au revoir à Hugo et Alix ! Finalement, ce n’est que vers 11h que nous prenons la route. La sortie de la ville est assez longue et difficile : ça monte et il y a plein de mini-bus qui nous doublent ! Après 10 km de montée, nous sortons enfin de la ville et redescendons doucement. Nous nous arrêtons au petit village d’Ancahuasi, dans une auberge recommandée par la famille toulousaine avec qui nous avions roulé avant Cusco. Le propriétaire est vraiment gentil, il nous offre un café et des œufs brouillés !

Nevado Salkantay
Panneau montée
Perroquet

Nous quittons notre petite auberge vers 8h et enchaînons sur 8 km de montée avant d’entamer les véritables « montagnes russes péruviennes ». Nous sommes à 3.700 m d’altitude et après une descente de 45 km, nous nous retrouvons à 1.900 m d’altitude. Nous n’avions plus été si bas en vélo depuis … l’Argentine ! Et comme nous nous sommes rapprochés de l’équateur et des régions tropicales, il fait chaud, vraiment chaud ! Et les moustiques nous attaquent dans tous les sens. D’ici, nous devons remonter à 4.000 m d’altitude et c’est une montée de 60 km qui nous attend … Avec la chaleur soudaine, nous avons du mal à trouver un bon rythme pour grimper.

A cette altitude, la végétation a beaucoup changé et il y a plein de fruits exotiques. Au bord de la route, de nombreuses gargotes vendent des glaces aux fruits. Nous nous arrêtons pour nous rafraîchir et goûtons une glace à l’eau au chiromoya, un fruit à la chair blanche douce et sucrée. Nous continuons ensuite la montée, jusqu’à arriver difficilement au village de Curahuasi. Il est presque 18h et le soleil est déjà couché. Nous passons devant une auberge et nous y apercevons deux autres cyclistes. C’est décidé, nous nous arrêtons ici aussi ! Les deux autres cyclistes, Fred et Brigitte, sont suisses et voyagent autour du monde depuis 4 ans ! Ils nous partagent une bière et nous passons la soirée à échanger des anecdotes de voyage.

Après une nuit trop courte dans un lit très confortable, nous prenons le café avec Fred et Brigitte, discutons encore longuement et ne prenons la route que vers 9h. Nous ne finirons pas encore aujourd’hui les 60 km de montée et nous nous arrêtons juste avant le col. Nous plantons notre tente au bord d’un champ, en retrait de la route.

Entre Cusco et Andahuaylas - Col dans les nuages
Entre Huancayo et Cerro de Pasco - Route

Le lendemain, nous prenons la route un peu avant 8h. Il fait assez froid et nous finissons enfin cette montée de 60 km pour atteindre le col à 4.000 m. Puis, c’est de nouveau une grande descente, 40 km ! Il y a beaucoup de virages donc nous mettons nos freins à rude épreuve et ne dépassons que rarement les 45 km/h. Nous sommes toujours un peu mitigés en descente : d’un côté, c’est un peu la (courte) récompense après la montée, mais d’un autre, on sait qu’on va devoir remonter ce qu’on a descendu …

La descente est rapide, nous arrivons tôt à Abancay. Nous trouvons une chambre dans un hôtel conseillé par les Suisses rencontrés deux jours auparavant et profitons d’une après-midi tranquille. Après une douche, nous allons déjeunez dans un petit restaurant et goûtons à deux plats péruviens : le Carapulcra, poulet dans une sauce épicé aux cacahuètes et aux pommes de terre, et le Lomo Saltado, émincés de bœuf sauté avec des oignons servis avec frites et riz. En dessert, toujours sur les conseils des Suisses, nous prenons une glace chez un glacier artisanal. Délicieux 😊

Après cette journée plutôt tranquille, nous reprenons la route. Nous continuons d’abord à descendre, jusqu’à 1.800 m d’altitude. Puis (vous vous en doutez …), de nouveau une montée ! Cette fois, c’est 32 km. Il fait chaud, le temps est lourd et nous avons du mal à grimper à un bon rythme. En plus, Simon crève … deux fois à 10 km d’intervalle !

Entre Cusco et Abancay - Pauline dans la montagne
Entre Cusco et Andahuaylas - Eboulement sur la route

Peu avant 18h, le soleil est déjà passé de l’autre côté de la montagne, il commence à faire froid. Nous arrivons au hameau de Tambo de Carhuacahua (3.200 m) et cherchons un terrain de football où planter notre tente pour la nuit. Une jeune femme nous interpelle et nous demande jusqu’où nous allons. Lorsque nous lui expliquons que nous cherchons un endroit où dormir, elle nous dit qu’il y a « une maison de retraite » juste là et qu’elle va demander si nous pouvons camper dans le jardin. Quelques minutes après, nous avons l’autorisation de camper sous un petit abri où sèche du maïs. Nous sommes à l’abri de l’humidité, nous allons bien dormir 😊

Nous découvrons la vie de cette petite maison d’accueil pour personnes âgées : des poules courent partout dans le jardin, le maïs sèche sous un petit abri et il y a … une quinzaine de cochons d’Inde sur un petit tas d’herbes dans la cuisine ! Nous discutons avec la cuisinière, elle nous demande si nous avons du cochon d’Inde en boîte en France … Euh non, chez nous, les cochons d’Inde sont des animaux de compagnie 😉

Entre Cusco et Abancay - Cristo dans la montagne
Mais colorés
Les cochons d'Inde

Bien reposés, nous finissons cette montée et arrivons au col, à 3.400 m. Nous redescendons pendant 15 km avant de repartir pour une longue montée de 50 km.
Nous nous arrêtons au village de Kishuara en sachant qu’il devrait y avoir une petite auberge. Lorsque nous demandons à la jeune femme si elle a une chambre, elle étouffe un rire. Etrange … Elle nous présente une chambre qui aurait plutôt valu l’appellation de « trou à rat ». Certes, elle nous la faisait à bon prix (10 soles, 3€ la chambre), mais nous déclinons.

Nous cherchons donc un autre endroit où passer la nuit dans le village : l’école ? un stade de foot où planter la tente ? l’église ? Nous passons devant l’école et elle est ouverte malgré les vacances. Simon rentre et va se renseigner pour savoir si nous pouvons y dormir. Les dames présentes ne sont pas responsables de l’école et ne peuvent pas nous y autoriser. Elles nous renvoient vers le directeur qui se trouve dans un magasin sur la place principale, à côté de l’église. Celui-ci nous dit qu’il n’est pas en charge ce mois-ci et que nous devons aller demander à une autre dame qui habite dans la rue d’à-côté. Un enfant nous y conduit et nous trouvons enfin la personne en charge de l’école ce mois-ci, qui nous autorise à passer la nuit dans l’école. Nous avons même droit à une salle de classe, pour passer la nuit au chaud 😊

Kishuara - Eglise
Kishuara - Campement dans la salle de classe
Kishuara - Ecole

Le lendemain, nous finissons cette interminable montée de 50 km. Lorsque nous arrivons au col, à 4.100 m, il est dans les nuages et il fait très froid. Nous ne nous y attardons pas et redescendons à toute vitesse vers notre prochaine étape, la ville d’Andahuaylas.

2. D’Andahuaylas à Huancayo : trajet express

A Andahuaylas, nous prenons nos billets d’avion de retour. Car oui, il faut déjà y penser ! Nous rentrerons donc à Lyon juste avant les fêtes de fin d’année 😊 Du coup, après quelques calculs, nous nous rendons compte que nous avons un peu de retard pour arriver en Colombie à temps … Nous décidons donc de prendre un bus pour nous avancer dans ces interminables montagnes russes péruviennes.

D’abord, d’Andahuaylas à Ayacucho, nous prenons un mini-bus, d’une quinzaine de place. Les vélos sont chargés sur le toit, sans problème, au-dessus des sacs des autres passagers. Comme pour rejoindre le début du trek du Salkantay, il fallait aussi avoir le cœur bien accroché sur ce trajet … Notre chauffeur est plutôt du genre chauffard et les routes de montagnes en lacets ne lui font pas peur ! Et à part conduire, notre chauffeur ne pense pas à grand-chose. A un moment, le passager assis à côté de lui, et avec qui il discutait, lui demande de faire un arrêt pipi. Nous nous arrêtons donc au bord de la route … et repartons presque immédiatement, sans le passager ! Ce n’est qu’au village suivant que les autres passagers s’en rendront compte. Il faudra alors que nous attendions que celui qui a été oublié redescende de la montagne dans une autre voiture …

Les déchets au bord de la route
Une tombe au bord de la route

Après 5h de route, nous arrivons au terminal de bus d’Ayacucho. Nous nous renseignons directement sur les bus pour avancer jusqu’à Huancayo, soit 260 km plus loin. Nous réservons un bus pour le lendemain et trouvons une chambre dans une hospedaje à proximité du terminal de bus.

Ce second trajet en bus durera 8h et sera lui aussi terrible. Notre chauffeur conduit bien mieux que celui de la veille mais la route se trouve littéralement à flanc de montagne, au-dessus d’un canyon. Simon sera malade tout le trajet et nous serons bien contents d’arriver à bon port ! Durant ce trajet, nous comprenons pourquoi le bord des routes est jonché de déchets : les passagers du bus jettent leurs papiers et emballages par les fenêtres … De ce que nous avons pu voir dans les écoles, nous avons l’impression que les jeunes générations sont éduquées à la protection de l’environnement. Mais pour les autres générations, c’est une autre histoire …

Après ces deux jours de bus, nous nous sentons bien plus fatigués qu’après deux jours de vélo ! Nous prenons donc une journée de repos à Huancayo.

3. De Huancayo à Cerro de Pasco : la fin des montagnes russes

Après avoir gagné 10 jours de vélo en bus, nous reprenons la route depuis Huancayo. Cette étape marque la fin des montagnes russes. Sur les 250 km qui séparent Huancayo de Cerro de Pasco, nous devons juste monter doucement de 3.200 m à 4.400 m d’altitude.

Nous roulons bien et faisons même une étape de 80 km, ce qui ne nous était pas arrivés depuis bien longtemps ! Dans l’après-midi, nous arrivons au village de Chapopampa. Nous sommes directement accueillis par une dame, curieuse de nous voir arriver. Nous lui demandons s’il y a un endroit où nous pourrions dormir cette nuit dans le village. Immédiatement, elle prend son téléphone et nous dit qu’elle va appeler le président pour lui demander (pas le président du Pérou, le président du quartier !). Celui-ci accepte de nous laisser dormir dans une salle municipale. Il y a même des matelas et des couvertures à disposition ! Nous apprenons que la majorité du village est constitué d’une seule famille : le grand-père a eu 10 enfants et tous ses enfants ont eu beaucoup d’enfants également. Il y a pas mal d’adolescents, qui sont assez curieux de nous voir arriver et qui nous poseront des questions sur la France : « Vous avez des pumas en France ? », « Vous avez beaucoup de fruits en France ? », … Le lendemain, avant de partir, nous allons refaire le plein d’eau dans une des maisons de la famille. Tous les cousins viennent nous dire au revoir. Une belle rencontre 😊

Entre Huancayo et Cerro de Pasco - Paysage de montagne
Avec la famille au village de Chapopampa
Dans le local municipal de Chapopampa

Nous reprenons la route, sous le soleil. Nous continuons à grimper tout tranquillement. A midi, le ciel commence à faire des siennes. D’abord de petites averses, puis c’est carrément le déluge… Nous sommes à la station de péage de Casaracra, sous un un petit auvent et attendons que la pluie cesse. L’averse de pluie devient averse de grêle… Simon perd patience et nous profitons d’une accalmie pour reprendre la route. La pluie est encore forte et nous nous arrêtons 1 km plus loin, dans un restaurant. Nous avons bien fait car la grêle est de retour, plus intensément cette fois-ci ! Après quelques négociations avec la patronne, elle accepte de nous laisser dormir dans la salle de son restaurant cette nuit. Nous passons donc la nuit au sec, ouf !

Lorsque nous reprenons la route au petit matin, nous nous rendons compte qu’il a neigé quelques centaines de mètres plus haut. Il fait froid (5°C), et nous grimpons jusqu’à atteindre un altiplano, à 4.100 m d’altitude. Nous y retrouvons la végétation des Andes boliviennes, ainsi que les belles vigognes. Le soir, nous serons encore un fois accueillis dans une salle municipale, celle de la mairie de Carhuamayo.

Entre Huancayo et Cerro de Pasco - Neige sur les hauteurs
Entre Huancayo et Cerro de Pasco - Vigognes
Entre Huancayo et Cerro de Pasco - Pauline sur la route qui parle à un péruvien

Le lendemain, en direction de Cerro de Pasco, nous trouvons un petit agneau au bord de la route. Il est tout seul et bêle certainement pour retrouver sa maman. Simon l’attrape et nous décidons de le ramener au village suivant pour lui retrouver un troupeau. Nous trouvons rapidement un troupeau et une bergère, à qui nous rendons le petit agneau perdu. Nous espérons qu’il a bien retrouvé sa maman dans ce troupeau …

Simon et le petit agneau
Entre Huancayo et Cerro de Pasco - La bergère qui a retrouvé son agneau

Le temps est aujourd’hui bien couvert et nous arrivons bien frigorifiés à Cerro de Pasco, ville de plus de 50.000 habitants la plus haute du monde (4.380 m d’altitude) ! Nous trouvons un petit hôtel, avec une douche bien chaude, où nous nous reposons et préparons la suite de notre route.

Entre Huancayo et Cerro de Pasco - Lagune aux flamants roses
Cerro de Pasco - Ville la plus haute du monde

Le lexique gourmand franco-espagnol des Increvables Voyageurs

🍴 La chica morada : c’est une boisson fraîche, souvent servie dans les petits restaurants, de couleur rouge-violet foncé et qui est faite à partir d’eau de cuisson de maïs violet, de peau d’ananas et de cannelle. Ça a l’air peu ragoûtant mais c’est vraiment très bon !

🍴 L’Inca Kola : LE soda national du Pérou dont les ventes dépassent celles du Coca Cola ! Bon, pour le coup, ce n’est pas vraiment bon. C’est jaune fluo et ça a le goût de chewing-gum …

🍴 La trucha frita : la truite frite. Du lac Titicaca aux courts d’eau des vallées du Pérou, la truite est toujours omniprésente. Et la plupart du temps, elle se cuisine frite (vraiment très frite), accompagnée de riz et de pomme de terre (car on ne lésine pas sur les féculents ici !). Un régal aussi 😊

🍴 El pollo a la brasa : le poulet rôti. Impossible de se promener dans une ville péruvienne sans tomber sur une polleria, un restaurant de poulet rôti. Les Péruviens en raffolent, et c’est vrai qu’il est souvent très bon.

🍴 El cuy : le cochon d’Inde. Apparemment très résistant à l’élevage en altitude, le cochon d’Inde est consommé au Pérou comme le lapin ou le poulet. Nous n’y avons pas goûté mais le goût serait un mélange entre poulet et poisson … 😉

Simon et la chica morada
La trucha frita
Inca Kola

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2 Commentaires

  • Répondre
    Hugo et Alix
    18 août 2018 le 2 h 05 min

    Mais il est trop mignon cet agneau !! Il fallait le garder en tant que mascotte ! 😉

    • Répondre
      Pauline & Simon
      18 août 2018 le 3 h 35 min

      On a longuement hésité mais on s’est dit qu’il n’était pas prêt pour une vie de voyageur, on a préféré le remettre à son troupeau 😉

    Répondre