Carnet de route

De San Antonio à Mendoza : repos, culture et traversée des Andes

Pauline, au début de la montée vers le col du Cristo Redentor

Pour cette septième étape de notre voyage, nous découvrons Valparaiso et Santiago au Chili, avant de repasser en Argentine au niveau de Mendoza par le col du Cristo Redentor. Avant d’attaquer notre premier vrai col des Andes à 3.185 m d’altitude, nous avons pris une petite semaine de vacances citadines pour nous reposer et comprendre l’histoire du Chili.

Au programme : du street art à Valparaiso, de la culture à Santiago, le col du Cristo Redentor et du vélo …


L’étape en bref

Les chiffres de l’étape

Distance539 km // Total = 4 012 km
Durée17 jours, dont 8 jours de vélo
Crevaisons / Casses1 crevaison 🙁
Nuits10 nuits en auberge (Valparaiso et Mendoza)
5 nuits en bivouac
2 nuits chez l'habitant

Le trajet

Nos coups de cœur

♥ La douce ambiance artistique des collines colorées de Valparaiso
♥ La découverte de l’histoire du Chili à Santiago
♥ L’ascension du Cristo Redentor, notre premier col des Andes à 3.185 m d’altitude


Nos aventures en détail

1. Détente à Valparaiso

Après notre journée de repos à la Casa del Ciclista de San Antonio, nous prenons la route en direction de Valparaiso. Comme Cesar, président de l’association de la Casa del Ciclista, connaît bien les routes alentours et qu’il veut nous faire éviter les itinéraires trop fréquentés par les camions autour de San Antonio, il nous accompagne sur les premiers kilomètres. Nous traversons donc San Antonio et découvrons les restes de la piste cyclable peinte de manière clandestine sur la chaussée devant la mairie.

Nous avons 90 km à parcourir entre San Antonio et Valparaiso, dont 45 km d’autoroute que nous ne pouvons pas éviter. Heureusement, comme nous sommes dimanche, il y a très peu de trafic donc nous roulons bien sur la grande bande d’arrêt d’urgence et arrivons en fin d’après-midi à Valparaiso.

Vue sur les collines colorées de Valparaiso
A Valparaiso, pour monter en haut des 45 collines qui composent la ville, on peut utiliser des petits ascenceurs typiques !
Le port de Valparaiso

Nous nous installons à l’Escarabajo Hostel, sur le cerro Bellavista, pour une petite semaine de vacances dans les vacances 😊 Pour notre première journée, nous participons à une visite guidée de la ville et découvrons l’histoire de la cité portuaire.

A l’origine, Valparaiso a été créée uniquement pour être le port de Santiago (situé à 120 km à l’ouest). Celui-ci connaît son âge d’or au 19ème siècle, puis entre en déclin après l’ouverture du canal de Panama en 1914 car les bateaux ne sont plus obligés de faire le tour par le Cap Horn. Aujourd’hui, le port ne reçoit plus que des marchandises d’importation pour la ville et sa région, toutes les exportations du Chili passent par San Antonio. Valparaiso est aussi le siège de la marine nationale. D’imposants navires de guerre sont d’ailleurs stationnés dans la baie lors de notre passage.

Pauline, face à un mural représentant une Mapuche (minorité indienne) du Chili, à Valparaiso
Mural rouge sur le cerro de Bellavista à Valparaiso
Mural de La Fauna, à Valparaiso
Mural d'un sage à Valparaiso

La ville est constituée de 45 cerros (= collines) et les principaux sont desservis par des ascenseurs/funiculaires. Ceux-ci datent majoritairement du début du 20ème siècle et participent au charme pittoresque de Valparaiso. Ils permettent encore aujourd’hui de rejoindre les hauteurs de la ville sans se fatiguer 😉

Maisons colorées du cerro Bellavista à Valparaiso
Mural sur un escalier, à Valparaiso
Mural géant de Un Kolor Distinto, à Valparaiso

Au fil de nos promenades, nous découvrons aussi Valparaiso, ville du street art, avec ses maisons colorées et ses murs peints. A l’origine, pour protéger les murs de leur maison faits d’argile, les habitants de Valparaiso recyclaient les tôles d’emballage qui provenaient du port. Et afin d’éviter que ces tôles ne rouillent, ils les peignaient avec des restes de peinture à bateau. C’est donc comme ça que Valparaiso est devenue la ville aux collines colorées que nous connaissons. Au fil du temps, les artistes ont profité de cet espace de création à ciel ouvert pour peindre de grandes fresques sur les murs. Certains des artistes qui peignent à Valparaiso ont une renommée internationale, comme INTI.

Mural de Un Kolor Distinto, à Valparaiso
Peinture murale d'inspiration marine à Valparaiso

2. Culture à Santiago

Santiago ne faisait pas initialement parti de notre plan, car nous ne voulions pas nous engouffrer dans une agglomération de plus de 6 millions d’habitants à vélo. Les bus entre Valparaiso et Santiago étant vraiment bon marché, nous en profitons pour faire un aller-retour à la capitale depuis Valparaiso, en laissant nos vélos dans notre auberge.

Nous voilà donc dans un bus, sans nos vélos, en direction de Santiago. Pour notre première journée sur place, nous choisissons encore de découvrir la ville en suivant une visite guidée. Nous parcourons à pied le centre-ville et découvrons un Chili qui contraste complètement avec ce que nous avons vu jusqu’ici. Jusqu’ici, nous n’avions presque découvert que le Chili rural, avec ses villages de maisons/cabanes en bois et tôle. A Santiago, nous nous retrouvons au milieu d’un quartier d’affaire, où les gens sont habillés en costumes et où ils marchent d’un pas pressé. Comme dans une grande métropole occidentale. Nous nous promenons dans des quartiers chics, où les terrasses des restaurants tendances se succèdent. Le Chili est donc sans conteste l’un des pays les plus développés d’Amérique du Sud, mais avec des inégalités très importantes.

Vue sur les gratte-ciels de Santiago, depuis le cerro Santa-Lucia
Insigne de bronze de Santiago
Santiago est la ville la plus cyclable que nous croisons depuis le début de notre voyage, des pistes cyclables partout !

Lors de notre visite, nous découvrons également l’histoire récente du Chili, avec le coup d’état militaire du 11 septembre 1973. Nous nous arrêtons longuement devant le palais de la Moneda, résidence officielle du président chilien, qui a été bombardé par la junte militaire à l’origine du coup d’état alors que Salvador Allende, le président alors en fonction, était à l’intérieur.

Nous restons une nuit à Santiago et sommes hébergés par Suvi et Juan-José, un couple d’amis d’amis, avec qui nous passons une super soirée. Le lendemain, pour compléter notre connaissance de l’histoire récente chilienne, nous allons au musée de la Mémoire et des Droits de l’Homme. Ce musée interactif et très bien documenté retrace l’épisode du coup d’état du 11 septembre 1973 et de la dictature de Pinochet qui a suivi jusqu’en 1990.

Plaza de Armas de Santiago, vue sur la cathédrale
Plaza de Armas de Santiago
Palais de la Moneda à Santiago, résidence du président de la République, lieu des événements tragiques du 11 septembre 1973 (coup d'état de Pinochet)

Après cet épisode culturel, nous continuons notre exploration de Santiago et trouvons que la ville est très agréable à vivre : il y a de nombreux espaces verts et la pratique du vélo urbain y est très développée 😉 Contents de ne pas être passés à côté de la capitale chilienne, nous remontons dans un bus pour retrouver nos vélos à Valparaiso !

3. L’aventure de notre premier col andin, le Cristo Redentor

A Valparaiso, nous prenons la route en direction de Mendoza (Argentine) avec Troels et Marc, deux cyclistes rencontrés sur la côte chilienne. Nous démarrons tranquillement un dimanche matin et longeons la côte Pacifique pendant 25 km avant de bifurquer plein Est en direction de la Cordillère des Andes. Nous pique-niquons sur la plage de Concon, en observant les surfeurs débutants dans les vagues, puis faisons nos aurevoirs au Pacifique, que nous ne reverrons certainement pas avant le Pérou !

Notre première journée de route s’arrêtera 15 km plus loin : Troels vient de casser un rayon et Pauline a crevé. Nous avons à peine le temps de nous rendre compte de nos problèmes mécaniques au bord de la route qu’une voiture s’arrête pour nous venir en aide. Patricia, une cycliste retraitée qui vit seule un peu plus loin, nous propose de nous héberger pour la nuit et d’emmener Troels à la ville la plus proche le lendemain pour qu’il trouve à faire réparer son rayon. Nous voilà donc tous les quatre chez Patricia, très contente de pouvoir pratiquer son anglais et de nous avoir pour la soirée.

Paysage de cactus en fleurs, dans la région de Santiago
Chez Patricia, avec Troels et Marc
Première crevaison pour Pauline !

Le lendemain, nous n’irons pas très vite non plus car nous avons du mal à trouver un mécanicien pour réparer le rayon de Troels. Nous nous arrêtons donc après 55 kilomètres en contrebas de la route, au milieu d’une végétation aride, faite de buissons bas et de cactus.

Le soir suivant, nous nous arrêtons pour bivouaquer à 1.000 m d’altitude, au début de la montée de 55 km qui doit nous emmener au col du Cristo Redentor pour traverser les Andes et repasser en Argentine. Le lendemain matin, compte tenu de la journée de grimpe qui nous attend, nous nous réveillons à 6h30. Il fait encore nuit. Nous rangeons donc la tente et petit-déjeunons à la lumière de nos lampes frontales. A 7h50, lorsque nous nous mettons en selle, le soleil se lève tout juste.

Pauline en bas des lacets qui mène au col du Cristo Redentor

Nous mettons presque 6h à effectuer les 38 premiers kilomètres de montée. Il fait chaud et la côte est vraiment raide par moment. Nous avons gagné 1.200 m d’altitude et nous nous trouvons maintenant au pied des 30 lacets qui doivent encore nous faire gagner 600 m d’altitude. Les lacets sont très impressionnants mais nous grimpons les 20 premiers assez facilement. Pour les 10 derniers par contre, la fatigue de la journée se fait sentir et nous arrivons à 2.800 m d’altitude, complètement épuisés. Il est 17h30 et nous n’irons pas plus loin aujourd’hui ! Nous plantons donc la tente face à un beau lac de montagne, à Portillo, pour une dernière nuit au Chili.

Simon dans les lacets de la montée vers le col du Cristo Redentor
Pauline, à l'entrée du tunnel du passage du Cristo Redentor, à 3185m d'altitude !
Les incroyables lacets du col du Cristo Redentor, côté chilien

Le lendemain, il nous reste donc 400 m de dénivelé et 7 km avant d’atteindre le col/tunnel du Cristo Redentor à 3.185 m d’altitude. Nous y arrivons vers 11h, essoufflés mais heureux ! Nous avons donc pédalé à plus de 3.000 m d’altitude ! Un pick-up nous fait traverser les 3 kilomètres du tunnel et nous voilà en Argentine.

Les montagnes sont splendides, avec de magnifiques reflets rouges-orangés. C’est vraiment incroyable d’être arrivés jusqu’ici en vélo ! Nous commençons à redescendre dans la vallée. Quelques kilomètres plus loin, nous nous arrêtons face au sommet de l’Aconcagua (6.962 m d’altitude, plus haut sommet d’Amérique du Sud). Sur le parking, nous retrouvons un camping-car et une famille de 4 (Mickael, Marion, Emilie et Margaux) qui sillonne l’Amérique du Sud pendant 1 an. Nous les avions rencontrés à Santiago lors de la visite guidée et nous les retrouverons le lendemain à Uspallata, un peu plus loin dans la vallée. C’est une toute autre aventure qu’ils vivent, mais c’est bien une aventure lorsqu’on voyage avec deux filles de 4 et 7 ans !

Paysage panoramique du côté argentin du col du Cristo Redentor
L'Aconcagua, plus haut sommet d'Amérique du Sud (6962m), vu depuis le passage du col du Cristo Redentor
Simon dans la descente du col du Cristo Redentor, côté argentin
Paysage d'Argentine, à 3000m, juste après le passage du tunnel du Cristo Redentor

Après le tunnel, nous pensions redescendre à toute vitesse dans la vallée mais la pente est beaucoup moins forte côté argentin, et il y a même des portions qui grimpent de nouveau ! On vous avoue qu’on a un peu l’impression de se faire arnaquer avec cette « descente » !

Avant d'arriver à Mendoza, en redescendant du col Cristo Redentor, nous longeons le lac de Potrerillos
Pauline dans la descente du col du Cristo Redentor, après Uspallata, en Argentine

Sur la route, nous rencontrons aussi Anthony, un français qui parcours le monde à vélo depuis plus d’un an, à la rencontre de producteurs qui s’engagent pour une alimentation durable. Comme nous n’avions pas rencontré de voyageurs venant en sens inverse depuis longtemps, nous sommes heureux de discuter du parcours et d’échanger nos bons plans. Le temps passe et le soleil est déjà passé de l’autre côté de la montagne lorsque nous reprenons la route. Nous ne faisons que 10 kilomètres supplémentaires aujourd’hui et nous nous arrêtons au bord de la route, caché dans les buissons, près d’un ruisseau. A 20h, il fait déjà nuit noire et le ciel est extrêmement dégagé. Pour ce bivouac au milieu de la montagne, nous profiterons donc d’un beau ciel étoilé 😊

Lors d'un bivouac du côté argentin du col, nous profitons d'un beau ciel étoilé

Il nous faudra encore deux journées de pédalage pour rejoindre Mendoza, en Argentine. Nous avons donc mis une semaine pour effectuer les 400 km qui séparent Valparaiso de Mendoza. Une semaine intense en vélo et sans douche. Nous étions donc très impatients d’arriver 😊 La région de Mendoza est très connue en Argentine pour son vin. C’est en effet la première région productrice du pays. Nous en profitons donc pour visiter une bodega, la Bodega Lopez, et pour goûter la production locale.

Les vignobles de Mendoza
A Mendoza, nous visitons la Bodega Lopez : les barriques et tonneaux sont en chêne français !
Le vin des cyclistes :)

Après 3 jours de repos à Mendoza, nous sommes maintenant près à reprendre la route en direction du Nord de l’Argentine !

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5 Commentaires

  • Répondre
    Alicia
    25 avril 2018 le 8 h 16 min

    Merci pour ce nouveau récit de vos aventures et bravo pour la grimpe du Cristo Redentor💪 Les paysages dans la vallée sont époustouflants…
    Ps: je croise les doigts pour que ce soit votre première et dernière crevaison!
    Bisous aixois

    • Répondre
      Pauline & Simon
      25 avril 2018 le 14 h 06 min

      Merci Alicia 😊 on croise les doigts aussi pour les crevaisons mais ça fait un peu partie du jeu quand on est à vélo 😉

  • Répondre
    Margot
    25 avril 2018 le 21 h 51 min

    Merci de nous faire découvrir cette belle aventure. Profitez de cette année de parenthèse et de découvertes. C’est magnifique…

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    Hugo & Alix
    26 avril 2018 le 4 h 46 min

    Bravo les cyclistes ! Chouette article et beau travail pour le blog ! C’était cool de vous avoir recroisé en partageant ce pinard argentin. On vous souhaite encore de belles aventures pour la suite et en espérant vous retrouvez à Cafallate ou Salta !
    La bise ! 😉

    • Répondre
      Pauline & Simon
      30 avril 2018 le 4 h 25 min

      On espère aussi vous recroiser dans le Nord pour qu’on goûte ensemble aux autres vins argentins 😉

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