Carnet de route

De Cafayate à San Pedro de Atacama : la traversée des Andes par le Paso de Jama

Paysage du désert d'Atacama, après la frontière du Paso de Jama

Pour cette neuvième étape de notre voyage, nous roulons dans le Nord-Ouest argentin avant de traverser les Andes et de retourner au Chili, à San Pedro de Atacama. Nous retrouvons d’abord de la verdure dans la première partie de cette étape, autour de Salta. Puis, nous partons pour une véritable expédition : une semaine de traversée des Andes, par le Paso de Jama, avec des cols à plus de 4.000 m d’altitude ! Les nuits ont été fraiches mais les paysages en valaient bien la peine.

Au programme : des lagunes, des vigognes, des routes à l’altitude du Mont Blanc, le désert d’Atacama et du vélo …


L’étape en bref

Les chiffres de l’étape

Distance726 km // Total = 5 685 km
Durée22 jours, dont 13 jours de vélo
Crevaisons / Casses2 crevaisons 🙁
1 chaîne cassée 🙁
Nuits8 nuits en camping (San Pedro de Atacama)
9 nuits en bivouac
5 nuits en auberge (Salta, Purmamarca, Jama)

Le trajet

Nos coups de cœur

♥ La Quebrada de la Conchas après Cafayate
♥ La belle ville de Salta
♥ La traversée des Andes par le Paso de Jama, de Purmamarca (Argentine) à San Pedro de Atacama (Chili) : des cols à plus de 4.000 m d’altitude et des bivouacs à -10°C


Nos aventures en détail

1. De Cafayate à Salta : Quebrada et retour dans la verdure

Après 3 jours de repos à Cafayate, nous prenons la route en direction de Salta. La route traverse d’abord de beaux paysages de vignobles entourés de montagnes, puis nous nous retrouvons dans la Quebrada de las Conchas (« Canyon des coquillages »). La route sinue entre des montagnes colorées et entre des formations rocheuses aux noms évocateurs : El Anfiteatro, la Garganta del Diablo (la Gorge du diable), los Castillos (les châteaux), El Obelisco … Les paysages sont simplement splendides, et nous continuons notre route tranquillement, les yeux grands ouverts.

Paysage de la Quebrada de las Conchas, après Cafayate, avec des montagnes colorées
Le vélo de Simon, au milieu de la Quebrada de las Conchas, au nord de Cafayate, Argentine
Pauline qui roule dans la Quebrada de las Conchas, au nord de Cafayate

Alors que nous nous approchons du village d’Alemania, 80 km après Cafayate, nous rencontrons Bruno, un français qui voyage en vélo depuis un an en Amérique du Sud. Il voyage sans téléphone, donc sans carte précise ni GPS, et pensait continuer vers le sud pour bivouaquer. Nous lui disons qu’il n’y a pas d’endroit où bivouaquer s’il continue plus loin donc il fait demi-tour et vient s’installer avec nous. Nous plantons les tentes au bord d’une rivière, et nous retrouvons soudainement la verdure, que nous avions perdue depuis Mendoza !

Jusqu’à Salta, nous roulerons au milieu des arbres. Il y a des fleurs, de l’agriculture, bref, rien à voir avec le désert argentin de notre étape précédente !

Paysage de verdure, avant d'arriver à Salta
Avant d'arriver à Salta, nous plantons la tente près d'un terrain de foot privé, à La Merced
Paysage de verdure, avant d'arriver à Salta

Salta est une très belle ville à l’architecture coloniale. Nous y restons 2 jours et y retrouvons Hugo et Alix, un couple que nous avions rencontré à Santiago, puis revu à Mendoza, qui fait un tour du monde. Nous mangerons beaucoup de glaces, nous promènerons dans le centre et prenons le funiculaire San Bernardo pour admirer la ville de plus haut.

Le téléphérique San Bernardo à Salta, d'où l'on a une belle vue sur toute la ville
Salta compte vraiment de belles églises, comme l'église San Franciso
La cathédrale de Salta, de nuit

Nous visitons également le Musée Archéologique de Haute Montagne (MAAM), qui présente une découverte singulière, particulièrement déconcertante. En 1999, 3 corps d’enfants (de 6 à 15 ans) ont été retrouvé momifiés à 6.700 m d’altitude, en haut d’un volcan. Ils datent de l’époque inca et avaient été enterré la-haut vivants, ou inconscients, dans le cadre d’un sacrifice, vraisemblablement pour s’attirer les bonnes faveurs des dieux. Sans parler de la pratique du sacrifice d’enfants, ce qui frappe le plus c’est l’état de conservation de ces enfants-momies : le peu d’oxygène et les températures négatives à 6.700 m d’altitude ont permis de conserver les corps et les vêtements intacts. La visite est courte mais particulièrement marquante.

A Salta, nous trouvons aussi un grand magasin de vélo. Nous y rachetons des rustines et une chambre à air, en prévision de nos prochaines crevaisons … car nous ne sommes définitivement plus increvables !

2. De Salta à Purmamarca : on roule avec un québécois !

Au départ de Salta, rendez-vous est pris avec Adrian, notre ami québécois rencontré avant Cafayate, pour faire la route ensemble vers le nord. A partir de maintenant, et jusqu’à la fin de cette étape, nous roulons donc à trois.

Pour notre première journée, nous roulons toujours dans la verdure, comme au sud de Salta. Nous arrivons en fin d’après-midi dans un petit village au bord d’un lac et installons nos tentes au bord de l’eau. Les quelques Argentins qui étaient là en fin d’après-midi s’en vont dès que le soleil se couche : bref, la nuit s’annonce calme. Mais, nous sommes réveillés à 23h par les lampes torches de la police … Ils ne veulent apparemment pas de nous ici et se justifient en disant : « C’est dangereux ici, nous ne pouvons pas assurer votre sécurité, vous devez aller au camping, à 1 km ». Impossible d’en savoir plus sur l’éventuel danger … Après concertation avec Adrian, nous décidons de rester ici tout de même, impensable de tout replier à cette heure-ci et de reprendre le vélo … Surtout qu’avant de s’installer ici, nous avions demandé conseil à un homme qui travaillait à côté et qui nous avait dit qu’on pouvait se mettre au bord du lac, sans souci, que ça ne craignait rien. Nous finissons la nuit en ne dormant que d’une oreille mais tout se passera bien.

Sur la RN9, après Salta, Adrian dévale la pente à toute vitesse !
Sur la RN9 après Salta, nous roulons dans la verdure : il y a même des petits lacs avec des chevaux !
La RN9 après Salta traverse des paysages verts, rien à voir avec le désert d'avant Cafayate !

Pour notre deuxième journée depuis Salta, nous entrons dans la province de Jujuy, la dernière province du Nord de l’Argentine. En fin de journée, nous commençons à grimper dans la montagne et nous nous arrêtons au village de Léon. Nous installons nos tentes près du terrain de football, avec les chevaux. Cette fois-ci, nous vérifions bien qu’il n’y a aucun souci à dormir ici. Mais tous les locaux sont adorables et nous confirment que nous pouvons passer la nuit ici sans problème.

Le lendemain, nous passons la journée à grimper, pour atteindre Purmamarca en milieu d’après-midi. Après 3 jours de route et avant d’attaquer les hautes altitudes qui nous attendent, nous prenons une journée de repos. Ce petit village est situé dans la montagne, à 2.350 m d’altitude, et on y sent bien l’atmosphère andine : les maisons sont en adobe et on y trouve toute sorte d’artisanat andin.

La montagne aux 7 couleurs, à Purmamarca, Argentine
Marché d'artisanat andin à Purmamarca, Argentine
Purmamarca - Rue

L’une des grandes attractions du village est la montagne aux 7 couleurs, qui surplombe la ville. Nous grimpons jusqu’au point de vue qui lui fait face et admirons les belles couleurs des montagnes que nous devrons traverser dès le lendemain !

3. Notre deuxième traversée des Andes, par le paso de Jama

A Purmamarca, nous organisons notre traversée des Andes comme une véritable expédition : nous prévoyons 8 jours pour réaliser les 410 km qui séparent Purmamarca (Argentine) de San Pedro de Atacama (Chili), sachant que nous devons passer 7 cols entre 3.900 m et 4.800 m d’altitude et qu’il n’y a que 2 villages sur la route. Calcul de la quantité d’eau à emporter (7L par personne pour 3 jours avant le premier village, soit 7 kg de plus sur nos vélos !) et préparation des menus, nous sommes prêts !

Le lendemain, vendredi 18 mai, nous prenons la route à 8h. L’objectif de notre journée est de grimper notre premier col, à 4.170 m d’altitude, 36 km plus loin. Nous prévoyions d’y arriver vers 16h, mais nous n’y arriverons qu’à 18h, complètement transis par le froid. La route, qui commençait à grimper doucement, fini par des lacets incroyables. La vue sur la vallée est magnifique et nous en profitons d’autant plus que, à partir de 3.400 m d’altitude, nous faisons des pauses à chaque fois que nous gagnons 100 m pour reprendre notre souffle. Au col, le soleil est presque déjà passé derrière les montagnes et nous redescendons rapidement de 300 m pour bivouaquer.

Les lacets de la Cuesta de Lipan, qui mène à notre premier col au dessus de 4.000m
Pauline, dans la montée de la Cuesta de Lipan, après Purmamarca, Argentine

Notre premier bivouac en altitude, à 3.800 m, aura été calme mais frais. Fatigués, nous nous endormons comme des pierres, mais le lendemain, au réveil, il fait -3°C ! Toute l’eau a gelée … Heureusement, nous avions gardé une bouteille d’eau dans la tente et nous pouvons petit-déjeuner au chaud avant de sortir affronter le grand froid. Le soleil ne se lèvera que vers 8h30 et nous ne nous réchaufferons que 2h plus tard lorsque nous arriverons aux Salinas Grandes.

La croûte de sel des Salinas Grandes, Argentine, province de Jujuy
Tout est fait de sel aux abords des Salines Grandes : il y a même un lama et un cactus !
La récolte du sel sur les Salinas Grandes, Argentine, province de Jujuy
Simon sur les Salinas Grandes

Les Salinas Grandes sont un désert de sel/salar, situé à 3.500 m d’altitude. Le sel y est récolté, pour l’industrie ou pour la consommation, et les petites constructions aux abords du Salar sont toutes en sel. Nous grignotons une tortillas cuite au feu de bois, faisons un petit tour en vélo sur la croute de sel, et continuons notre route. Il fait chaud maintenant, la route est plate et nous roulons bien. Nous nous arrêtons tôt et profitons du soleil. Comme nous sommes en meilleure forme que la veille, nous ressortons de la tente 2h après le coucher du soleil pour observer le ciel. Nous apercevons la voie lactée et Simon fait de belles photos des étoiles.

Comme il n'y a aucune pollution lumineuse, nous bivouaquons sous un magnifique ciel étoiléPour notre troisième jour de route depuis Purmamarca, nous passons un col à 3.900 m d’altitude, puis arrivons au village de Susques, où nous faisons le plein de provisions pour les prochains jours. Nous installons notre tente près d’un restaurant et y faisons le plein d’eau. Malheureusement, l’eau ici est salée ! Elle est filtrée mais à tout de même un goût de sel … Tant pis, ce sera notre eau pour les 2 prochains jours ☹

Il nous faudra ensuite 2 jours pour rejoindre Jama, le village situé à la frontière avec le Chili. Les paysages sont splendides et nous croisons toute la journée des troupeaux de vigognes sauvages (cousines du lama) qui traversent devant nous.

Paysage de saline, Paso de Jama, entre Susques et Jama, Argentine
Paysage du Paso de Jama, après Susques, Argentine

A Jama, nous nous offrons une chambre dans l’hôtel de la station-service. Après 4 nuits dans le froid, nous apprécions le confort d’une douche chaude et d’une chambre avec chauffage ! D’ici, il nous reste 160 km avant d’atteindre San Pedro de Atacama au Chili et encore 4 cols à franchir (de 4.400 m à 4.800 m). Nous prévoyons de réaliser la route en 3 jours.

Paso de Jama - Pauline et Adrian
Paysage du Paso de Jama, avant Susques, Argentine
Nous roulons sur le territoire des vigognes !

Le lendemain, nous devons réaliser les formalités administratives pour quitter l’Argentine et entrer au Chili. De tous les passages de frontière que nous avons effectué depuis le début du voyage, celui-ci sera le plus long. Les fonctionnaires chiliens se montrerons extrêmement pointilleux et nous demanderons même le numéro de cadre de notre vélo pour réaliser des papiers d’importation pour nos « véhicules » !

Nous entrons au Chili pour la 4ème fois depuis la Terre de Feu et nous savions que le pays a des règles très strictes en ce qui concerne l’importation de produits frais. Les fruits et les légumes sont proscrits, tout comme le fromage et la viande. Mais nous avons fait nos courses en conséquence et n’emportons que des produits secs. Nous tombons malheureusement sur un douanier qui ne nous laissera pas entrer au Chili avec nos fruits secs.

En gros, ce que le fonctionnaire nous dira : « Vous savez que la route est très dangereuse, qu’il n’y a rien pour se ravitailler et que des gens meurent congelés la nuit ? Mais désolé, je dois vous confisquer vos cacahuètes et vos raisins secs car c’est interdit au Chili ! » Bref, nous sommes excédés par tant de bêtise et ne savons même pas quoi répondre ! Après 1h30 de formalité, nous prenons enfin la route, sans nos fruits secs …

Nous sommes maintenant de retour au Chili, dans le désert d’Atacama, le désert le plus aride du monde ! La route est ponctuée de salines, ces grands lacs salés, et nous croisons toujours nos amies les vigognes. A partir de 15h, le vent se lève, et il est aussi fort qu’en Patagonie : nous avançons à 5 km/h … Heureusement, après un virage, nous sommes protégés par un relief et retrouvons une vitesse qui nous permet de rejoindre un lieu de bivouac protégé du vent avant le coucher du soleil. Nous dînons tôt et nous nous enfermons dans nos duvets pour affronter la nuit à 4.250 m d’altitude.

Simon dans le désert d'Atacama
aysage du désert d'Atacama, après la frontière du Paso de Jama
aysage du désert d'Atacama, après la frontière du Paso de Jama

A 8h, lorsque nous ouvrons les yeux, il fait -10°C dans la tente ! Nous attendons que le soleil se lève et nous réchauffe avant d’imaginer sortir de notre caverne. Nous petit-déjeunons « au chaud », puis il faut bien se résoudre à tout ranger pour prendre la route. Vu la fraîcheur de la nuit que nous venons le passer, nous envisageons mal la perspective de dormir à une altitude plus élevée cette nuit. De plus, il nous reste 3 cols à 4.800 m, 4.700 m et 4.800 m à passer et la fatigue des 6 derniers jours se fait sentir. Nous finirons donc la route en stop, dans un camion. Nous nous ferons déposer 40 km avant San Pedro de Atacama, en haut de la descente !

Le volcan Licancabur (5920 m), vu depuis le Paso de JamaArrivés à San Pedro, nous nous dirigeons directement à la boulangerie française. On nous l’avait recommandé depuis un moment et Simon rêvait de pains au chocolat 😊

Nous resterons une semaine à San Pedro de Atacama, principalement car nous attendrons un colis avec un nouveau matelas pour remplacer celui qui fuit pratiquement depuis le début du voyage. La commande n’a en fait jamais été validée et le matelas n’arrivera pas … Nous y recroisons aussi Hugo et Alix, le couple de français qui fait un tour de monde. Nous en profiterons aussi pour aller nous promener en vélo dans la Vallée de la Lune, une vallée aux belles formations rocheuses, à quelques kilomètres de San Pedro.

Le volcan Licancabur, vu depuis la Vallée de la Lune, San Pedro de Atacama, Chili
Paysage de la Vallée de la Lune, San Pedro de Atacama, Chili
Paysage de la Vallée de la Lune, San Pedro de Atacama, Chili

Nous sommes maintenant prêts à attaquer la prochaine étape de notre voyage, la Bolivie ! A très vite pour nos premières impressions 🙂


Le Paso de Jama en vélo, les détails pratiques des Increvables Voyageurs

Si vous voulez aussi traverser les Andes par le Paso de Jama, voici quelques détails pratiques pour préparer la route.
Dans la carte en haut de l’article, vous trouverez les étapes et les lieux dans lesquels nous avons bivouaqué. Pour savoir à quel moment nous allions passer les cols, nous avons utilisé cette carte, très bien faite.

🛈 Distance : 410 km entre Purmamarca et San Pedro de Atacama

🛈 Durée : A notre avis, il faut compter 8 jours au total pour faire la route : 3 jours entre Purmamarca et Susques, 2 jours entre Susques et Jama, 3 jours entre Jama et San Pedro

🛈 Difficulté : Trajet difficile, en altitude, mais le plus gros du dénivelé se fait le premier jour, et le reste du temps, on n’a pas fait plus 600m de dénivelé positif dans la journée

🛈 Eau : Nous avions à chaque fois pris une réserve suffisante pour tenir entre chaque village. Il est possible de pendre moins pour le côté argentin car il y a des habitations qui devraient être en mesure de dépanner de l’eau mais nous avons préféré être autonomes et ne pas avoir de mauvaise surprise. Nous n’avons pas vu spécialement les points d’eau mentionnés sur la carte, mais cela dépend peut-être de la saison ?

🛈 Nourriture : Pas de soucis pour se ravitailler à Susques et à Jama, il y a plusieurs dispensa dans chacun de ces villages

🛈 Météo et température : Nous avons fait la route en mai, en fin d’automne donc, et avons eu une météo clémente mais très fraîche dès le coucher du soleil

🛈 Vent : Dans cette région, le vent souffle principalement d’ouest et se lève vers 15h (les locaux sont unanimes). Selon les jours et les reliefs, nous avons cependant pu rouler à l’abri du vent.

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2 Commentaires

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    Papy et Mamie
    9 juin 2018 le 18 h 54 min

    coucou,ns sommes chez marie qui vient de nous passer les pages de votre voyage . bravo c est formidable ns pensons souvent à vous et ce que nous venons de voir nous permettra de mieux vous imaginer pédalant . vs aurez des choses à raconter a votre retour et vous vous faites de sacrés souvenirs ; bises tendres à vous deux de nous deux .mamie et papy.

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    Pelhâte
    13 juin 2018 le 13 h 49 min

    Toujours admiratifs de votre randonnée qui sera un magnifique souvenir ; nous vous suivons à la trace ….mais statiquement ..de loin tous nos meilleurs souhaits vous accompagnent. BISES 0 TOUS DEUX?
    Yves – Pierre et Françoise Pelhâte

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