Carnet de route

De Mendoza à Cafayate : le désert argentin

Les lacets dans la montée du col du massif du mont Belgrano

Pour cette huitième étape de notre voyage, nous pédalons en Argentine et remontons depuis Mendoza vers la région du Nord-Ouest, connue pour ses beaux paysages de montagne. Ces deux semaines de vélo nous ont bien mis à l’épreuve car nous avons majoritairement pédalé dans des régions désertiques, sous une chaleur écrasante, où tous les courts d’eau étaient à sec. Il a donc fallu nous organiser pour ne pas manquer d’eau et organiser de grandes étapes pour voyager de village en village. Le changement de paysage a été radical et nous nous sommes vite retrouvés au milieu des cactus.

Au programme : du désert, des ruines incas, des cactus, des canyons et du vélo …


L’étape en bref

Les chiffres de l’étape

Distance947 km // Total = 4 959 km
Durée15 jours, dont 12 jours de vélo
Crevaisons / Casses2 crevaisons 🙁
Nuits6 nuits en camping
6 nuits en bivouac
2 nuits chez l'habitant

Le trajet

Nos coups de cœur

♥ La découverte du désert, avec sa faune et sa flore particulièrement … piquante !
♥ La traversée du massif du mont Belgrano, avec ses beaux paysages de canyons rougeoyants et de cactus
♥ La petite ville tranquille de Cafayate, parfaite pour se reposer et goûter aux vins locaux


Nos aventures en détail

1. De Mendoza à San Jose de Jachal : retour dans la plaine

Nous quittons Mendoza pour rejoindre San Juan, 170 km au nord. La route entre les deux villes est particulièrement plate donc nous roulons bien. Pour notre première journée, nous parcourons 85 km en étant partis à 12h ! Nous roulons donc dans une plaine, particulièrement sèche, sur une route très fréquentée par les camions.

Il est 18h30 et alors que nous pensions planter la tente sur le bord de la route, nous nous faisons interpeler par un homme, Daniel, depuis sa maison. Un autre voyageur à vélo argentin s’est déjà invité pour la soirée alors il nous propose de planter la tente dans son jardin. Daniel vit ici, avec sa femme Claudia depuis 20 ans, il fabrique des objets en bois et vend des sandwichs sur le bord de la route tous les matins. Ils n’ont pas l’eau courante et se font approvisionner en eau tous les 15 jours par la municipalité. La vie a l’air rude au bord de la cette route, dans cette plaine désertique, mais nous passons une bonne soirée à boire du maté et à manger du pain maison. D’ailleurs, notre hôte ne nous laissera pas partir le lendemain sans nous donner du pain pour la route !

Paysage de pampa entre Mendoza et San Juan

Comme nous avions roulé 85 km la veille sans trop d’effort, nous nous disons que nous pouvons arriver ce soir à San Juan, 85 km plus loin. Nous prenons donc contact avec Florencia, par le biais de Couchsurfing, pour lui demander de nous héberger ce soir. Et c’est à partir de ce moment-là que la route va devenir difficile … Tout d’un coup, le vent se lève. De face bien sûr ! Et comme nous sommes toujours dans notre plaine désertique, nous nous retrouvons vite dans une tempête de sable … Il est très difficile de rouler donc nous essayons de faire du stop mais personne ne s’arrête ! Nous n’avons pas le choix que de continuer jusqu’au prochain village 6 km plus loin, que nous atteignons une heure plus tard, entièrement recouverts de sable. Nous nous y arrêtons déjeuner et attendons que le vent se calme. Il finira effectivement par se calmer mais la chaleur ne va faire que grimper ! Nous roulons donc tout l’après-midi, en plein soleil, à 35°C et nous nous arrêtons à chaque village pour demander de l’eau fraîche.

Dans certains villages isolés, l'approvisionnement en eau est réalisé par un camion de la municipalité
A San Juan, nous sommes donc hébergés chez Florencia, qui vit avec son fils Fausto de 2 ans. Nous sommes arrivés bien fatigués et complètement cuits après notre épique journée de roulage. Après une bonne douche, nous passons en cuisine et partageons un repas avec notre hôte. Elle travaille pour le cinéma et se désole du peu d’importance qu’accorde le gouvernement argentin aux productions nationales.

Après cette soirée à parler culture, nous reprenons la route en direction de San José de Jachal, 150 km au nord, toujours sur la Ruta 40. Après 15 km, nous sommes en sueur, la route ne monte pas tellement mais nous avons vraiment dû prendre un coup de chaud hier donc nous avons du mal à rouler. Je tends le pouce et, miracle, le premier pick-up qui passe nous charge à l’arrière, nous et nos vélos. Le voyage jusqu’à San José de Jachal aura été plus rapide que prévu mais beaucoup moins confortable 😉

2. Au pays des cactus, des perruches et des pumas

Après San José de Jachal, nous traversons la zone protégée de La Cienéga avant de rejoindre la Ruta 40, que nous suivront jusqu’à la fin de cette étape. Les montagnes de cette zone sont très belles et la route serpente sur leurs flancs. Lorsque nous retrouvons la Ruta 40, elle est déserte. La portion que nous emprunterons jusqu’à Cafayate le restera : nous ne croisons que 2/3 voitures par heure et les camions ont disparus, ce qui rend le pédalage bien plus agréable. Au bord de la route, nous observons des colonies de perruches au corps vert et aux ailes bleu foncé. Elles s’envolent sur notre passage, et nous pédalons sous une nuée d’oiseaux 🙂

Paysage de la zone protégée de la Cienéga (près de San José de Jachal, province de San Juan)
Les perruches vertes qui s'envolent en nuée lors de notre passage

Depuis la route, nous apercevons le mont Belgrano, à 6.250 m d’altitude. Il est le point culminant d’une chaîne de montagnes parallèle à la Cordillère des Andes et que nous devrons traverser dans les prochains jours. Lorsque nous commençons l’ascension du col à 2.040 m, nous nous retrouvons dans de magnifiques paysages de canyons rouges, parsemés de cactus candélabre géants. Bien que la montée soit raide, les paysages sont vraiment impressionnants. Et la descente était elle aussi bien raide donc nous l’avons particulièrement appréciée 😊

Simon grimpe le col qui nous fait traverser le massif du mont Belgrano, entre Villa Union et Chilecito (province de La Rioja)
Les cactus candélabres lors du passage du col

Nous campons près de ruines de 1592. Elles n’ont rien d’extraordinaire, surtout qu’elles sont laissées à l’abandon sans explication, mais elles sont situées à 2 km de la route donc nous espérons passer une nuit bien au calme. Mais, à 3h du matin, nos vélos qui étaient debout à côté de la tente, tombent par terre. Rien de cassé, mais nous pensons qu’un animal rôde autour de la tente et qu’il les a frôlé de trop près, ce qui les a fait tomber. Nous sommes donc à l’affût et interprétons tous les bruits qui nous entourent … Au réveil, nous nous rendons compte que Simon a crevé durant la nuit ! Et c’est ce qui a dû déstabiliser les vélos et les faire tomber. Pour autant, nous trouvons de belles empreintes qui semblent appartenir à un puma non loin de la tente …

Bivouac aux ruines de Capayan (région de La Rioja)
Réparation d'une crevaison avant de prendre la route
La trace du puma, que nous trouvons proche de la tente au réveil ... (le cache de l'appareil photo fait 7 cm de diamètre)

La crevaison de Simon, causée par une épine, est vite réparée. Nous reprenons la route et parcourons 200 km en 2 jours, toujours dans des paysages de montagnes désertiques. Il fait très chaud et les villages sont très éloignés les uns des autres. Nous transportons 7 litres d’eau à nous deux et nous faisons attention à notre consommation pour ne pas nous retrouver à sec. Heureusement, dès qu’il y a un village, nous pouvons refaire le plein d’eau fraîche. Nous profitons aussi les campings municipaux de la région : hors saison, ils sont gratuits et ils nous donnent l’occasion de prendre une douche (froide) très appréciée après ces grandes journées de pédalage !

Passage du col du massif du massif du mont Belgrano, Pauline attaque la descente !
Les prochains jours seront semblables : nous pédalons toujours dans des montagnes désertiques et roulons beaucoup pour passer la nuit près d’un village où nous pouvons obtenir de l’eau. Nostalgiques, nous repensons à la Carretera Austral, au Chili, où nous pouvions remplir nos gourdes dans tous les ruisseaux qui descendaient directement des glaciers …

Dans la Cuesta de Miranda, après le passage du col, vue sur les montagnes rouges et vertes
Dans la Cuesta de Miranda, après le passage du col, vue sur les montagnes rouges et vertes

3. Jusqu’à Cafayate : fin du désert et repos bien mérité

En route, nous visitons les ruines incas d’El Shincal. Au XVème siècle, le site était la capitale régionale de l’Empire Inca et donc un important lieu de cérémonies et rassemblements. Nous grimpons sur la colline dédiée aux cérémonies du soleil par un grand escalier de pierre. L’Empire Inca s’étendait encore plus au sud, jusqu’à Santiago au Chili, mais El Shincal est le premier site archéologique que nous visitons. Comme l’Empire Inca s’étendait jusqu’en Equateur, nous aurons certainement l’occasion d’en visiter d’autres, notamment le fameux Machu Picchu 😊

La montagne sacrée aux ruines incas d'El Shincal, près de Londres
Les ruines incas d'El Shincal, près de Londres
Simon prend la pause avec un lama, aux ruines incas d'El Shincal

Avant de rejoindre Cafayate, notre destination de cette étape, située à 1.700 m d’altitude, nous devons monter un col à 2.300 m. Nous grimpons tranquillement pendant 90 km puis roulons une dizaine de kilomètre à cette altitude, dans une sorte de steppe, où ne poussent que des herbes basses.

Après avoir atteint le col, nous pensions redescendre doucement pendant 160 km jusqu’à Cafayate. Malheureusement, notre pire ennemi est de retour : le vent de face ! Nous peinons mais arrivons à parcourir 60 km en une après-midi. Epuisés, nous arrivons à 19h dans un petit village et plantons notre tente derrière l’église. Le lendemain, il nous reste donc 100 km de route. Nous sommes en selle à 8h30 et pédalons sans vent jusqu’à 11h. Nous luttons ensuite contre le vent sur 25 km mais ne roulons plus qu’à 10 km/h … Bien que la route soit peu fréquentée, nous trouvons un pick-up qui nous épargne les 25 derniers kilomètres de vent de face.

Paysage de la Ruta 40, dans la province de Catamarca
La Ruta 40, route mythique d'Argentine qui descend jusqu'au sud du pays et que nous suivrons sur toute l'étape
Eglise du village de Pituil, sur la RN40, province de La Rioja

Nous arrivons en milieu d’après-midi et nous nous installons au camping El Rafa. Cafayate est connue pour la production de vin, notamment de vin blanc à base du cépage torrontés. Nous y restons deux jours pour nous reposer et goûter les vins locaux 😊

Après cette longue étape désertique, nous repartons vers le Nord, en direction de Salta, capitale de la région du même nom. Puis, nous nous préparerons à notre deuxième traversée des Andes, par le col de Jama qui nous fera repasser brièvement au Chili, à San Pedro de Atacama.


Le lexique franco-espagnol des Increvables Voyageurs

El mate : le maté. C’est une sorte d’infusion de plante, le yerba mate, bue à longueur de journée par les Argentins. Elle est très forte en caféine et hautement addictive. Pour la préparer : il faut remplir d’herbe une calebasse, sorte de petit verre, puis verser de l’eau chaude, avant de boire l’infusion à l’aide d’une paille métallique, la bombilla. Puis, on reverse de l’eau sur les feuilles, etc … Les Argentins se baladent donc toujours avec une calebasse et un thermos rempli d’eau chaude pour préparer l’infusion !

El cadena (de bicicleta) : la chaîne (de vélo). Après presque 5.000 km, nos chaînes commençaient à riper, il était donc temps d’en offrir de nouvelles à nos montures. Mais ici, en Argentine, nous avons découvert que les droits de douanes sur les produits importés sont très élevés … Nous avons payé 30€ pour une chaîne de la marque japonaise Shimano, alors qu’elle nous en aurait coûté 20€ en France, soit 50% plus cher ! Un conseil pour les voyageurs qui naviguent entre l’Argentine et le Chili : mieux vaut acheter son matériel au Chili 😉

La siesta : la sieste. Dans les contrées désertiques que nous traversons, et bien que nous soyons en automne, il fait souvent 30°C l’après-midi. L’heure de la sieste y est donc sacrée et lorsque nous arrivons dans un village entre 14h et 17h, tout est fermé !

La fogata : le feu de camp. Après plus d’un mois et demi passé en Argentine depuis début janvier, nous nous sommes rendus compte que les Argentins aiment faire des feux. Mais pas seulement pour faire cuire de la viande. Et à toutes heures du jour et de la nuit ! Ainsi, alors que nous bivouaquions au bord d’un lac, nous avons été réveillés à 3h du matin par des Argentins qui coupaient du bois pour alimenter leur feu de camp. Ou encore, un autre soir, une famille vient boire du maté près de notre tente, et allume un petit feu à côté, pour le plaisir de brûler des branches ….

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1 commentaire

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    Philou et Mathildou
    14 mai 2018 le 9 h 16 min

    Vous n’avez pas trop été apeuré par le Puma ? connaissant l’instinct de chasseur de Simon, il n’a pas du vouloir rôder trop longtemps autour de votre tente..

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