Pour cette seconde étape de notre voyage, nous continuons notre remontée du sud de la Patagonie, toujours au Chili et pour finir en Argentine. Ce parcours nous amène à travers les plaines balayées par les vents forts en continu. C’est aussi la région du détroit de Magellan et de sa faune atypique, la terre des gauchos à cheval et de leurs troupeaux de moutons, celle des lacs et des parcs nationaux faisant la renommée des lieux.
Au programme : des pingouins, du vent, le Parc Torres del Paine, un glacier gigantesque et du vélo …
L’étape en bref
Les chiffres de l’étape
Distance | 471 km // Total = 811 km |
Durée | 15 jours, dont 9 jours de vélo |
Crevaisons / Casses | 0 🙂 |
Nuits | 6 nuits en camping 5 nuits en cabane abandonnée/autre lieu couvert 3 nuits en auberge (Punta Arenas) 2 nuits en bivouac |
Le trajet
Nos coups de cœur
♥ Les colonies de pingouins du détroit de Magellan (mignons comme tout 😊)
♥ Le Parc Torres del Paine et la vue des célèbres tours surplombant un lac glaciaire
♥ L’imposant glacier Perito Moreno
♥ Rouler avec le vent dans le dos 😉
Nos aventures en détail
1. De Punta Arenas à Puerto Natales : repos, pingouins et vent de face
A Punta Arenas, nous profitons de deux jours de repos, à l’abri du vent dans une auberge. Nous allons voir les pingouins de Magellan, en bateau, sur une île du détroit du même nom. Sur cette île, c’est une colonie de 150 000 pingouins qui viennent se reproduire chaque année. Il y en a vraiment partout !
Le bateau fait un détour et nous passons près d’une autre île où se trouvent une colonie de lions de mer : ils sont énormes et les mâles rugissent vraiment comme des lions ! Le bateau n’accoste pas sur l’île mais on aurait pas vraiment eu envie de s’approcher de plus près de ces bêtes …
Nous reprenons ensuite la route et prévoyons de parcourir les 250 km qui séparent Punta Arenas de Puerto Natales en 5 jours : le vent est en effet défavorable et nous ne pensons pas pouvoir faire des étapes de plus de 50 km.
Pour notre premier jour de route, nous avons droit à 2h de pluie diluvienne l’après-midi : de quoi tester notre équipement imperméable 😉 Nous nous arrêtons après 50 km, au bord d’une lagune : il y a une maison qui semble en travaux et un papi à l’intérieur. Nous lui demandons si nous pouvons planter la tente à l’abri de sa maison. Il nous dit que nous serons bien mieux à l’intérieur et nous ouvre la porte d’un autre bâtiment en travaux aussi. Le lendemain, avant de repartir, il nous offre un café bien chaud et du pain qu’il a fait cuire lui-même dans sa cuisinière à bois. On ne peut pas faire plus authentique !
Le jour suivant, nous roulons toujours avec le vent de face. Nous nous arrêtons dans un petit village, Villa Tehuelches, où nous nous installons dans un abri de bus grand luxe pour la nuit.
Nous reprenons la route, et notre prochain arrêt se trouve encore 50 km plus au nord. Nous luttons toujours contre le vent… C’est dans une maison abandonnée que nous trouvons refuge pour la nuit. S’y trouve déjà 2 cyclistes, un mexicain et un sud-africain. Ce dernier voyage autour du monde en vélo depuis 7 ans ! Il était parti pour voyager 10 ans, mais pense aujourd’hui qu’il n’est qu’à la moitié de son voyage. Nous sommes vite rejoints par un couple de français. Notez que tous ces cyclistes voyagent dans l’autre sens ! D’un côté, ils sont une mine d’information pour nous, mais d’un autre côté, nous nous rendons compte que nous n’avançons pas vraiment ! Avec le vent dans le dos, ils font facilement des étapes de 100 km ! Vivement que le vent tourne 😉
Au réveil, le vent est déjà fort : nous roulons pendant 20 km mais nous nous arrêtons épuisés après 3h de lutte. Nous finissons finalement cette étape en stop …
Nous arrivons donc à Puerto Natales, petite ville de 20 000 habitants, repaire de voyageurs, car c’est d’ici que s’organisent les excursions pour le Parc Torres del Paine. Nous campons dans le jardin d’une auberge de jeunesse et profitons de la cuisine pour manger des légumes (car oui, notre régime de route est plutôt riz-pâtes-pâtes-riz que ratatouille !).
2. Le Parc National Torres del Paine
Le Parc National Torres del Paine est renommé pour ses fameuses Torres, son glacier Grey et la concentration de faune et de flore locale. Pour le découvrir, plusieurs options s’offrent à nous :
1. Depuis Puerto Natales, nous pouvons réserver une excursion en bus, qui nous emmène au parc, à 100 km au nord, puis randonner un ou plusieurs jours, et revenir en bus à Puerto Natales pour récupérer nos vélos et reprendre la route.
2. Monter en vélo jusqu’à l’entrée du parc, laisser les vélos pour randonner et continuer la route.
Comme nous n’avons pas envie de prendre le bus pour aller au nord, puis redescendre, et enfin refaire la même route en vélo, nous décidons d’aller en vélo à l’entrée du parc.
Depuis Puerto Natales, nous rejoignons le petit village de Cerro Castillo, à 60 km au nord, où se déroule un festival de rodéo. Ambiance garantie ! C’est également à Cerro Castillo que nous devons passer la frontière pour rejoindre l’Argentine et notre prochaine destination : El Calafate.
Le lendemain, l’objectif est de rejoindre en vélo le Refugio Laguna Amarga, à 54 km de Cerro Castillo, d’y camper pour partir randonner une journée dans le parc. Mais le vent est encore contre nous … Après 5 km, nous essayons de faire du stop. En vain, car il y a peu de pick-up qui passent sur cette route. Nous rebroussons donc chemin. De retour à Cerro Castillo, nous trouvons un bus dans l’après-midi qui peut nous emmener nous et nos vélos à l’entrée du parc Laguna Amarga. Nous arrivons donc finalement à l’endroit prévu, mais par un moyen de transport différent 😊
Après une nuit ventée et pluvieuse, nous nous réveillons à 5h, pour attaquer la longue randonnée qui doit nous mener à la base des fameuses Torres. Du Refugio Laguna Amarga, il y a 1,5 km jusqu’à l’entrée du parc, puis 7,5 km jusqu’au départ de la randonnée. Nous marchons d’un bon pas, sous la pluie et arrivons au départ de la randonnée un peu avant 8h. D’ici, il nous faudra 4h pour arriver à la base des Torres. La pluie a cessé, la randonnée est vraiment très belle. Bien que les Torres soient dans le brouillard lorsque nous arrivons en haut, elles sont vraiment très impressionnantes ! Elles surplombent à pic un lac d’un vert émeraude très profond.
La redescente est plus facile et nous sommes ravis d’avoir fait cette randonnée et de ne pas être passés à côté du parc !
3. Jusqu’à El Calafate : la découverte (éphémère) du vent dans le dos
Fatigués de notre randonnée de 10h dans le parc, nous retournons au camping, récupérons nos vélos et reprenons la route à la recherche d’un lieu pour bivouaquer à proximité. Après 1h de vélo, il est 19h30, et nous installons notre tente au Mirador Lago Sarmiento : nous profitons encore une soirée de la vue sur les Torres du parc.
Le lendemain, après une nuit très agitée à cause du vent, nous effectuons enfin une vraie étape : 79 km dans la journée, aidés partiellement par le vent dans le dos. Nous passons la frontière à Cerro Castillo, et sommes de retour en Argentine. Nous effectuons les 15 derniers km de la journée en 30 minutes, c’est-à-dire à une moyenne de 30 km/h ! Avec même des pointes à 45 km/h ! Nos vélos ont-ils en fait un moteur ?
Nous dormons dans un hôtel abandonné, où 7 autres cyclistes ont déjà trouvé refuge pour la nuit. Ils voyagent tous dans l’autre sens et nous préviennent : demain, nous aurons 65 km de mauvais ripio à parcourir. Mais nous devrions avoir le vent dans le dos ! Car ils ont tous eu le vent de face et ont l’air épuisés, vraiment épuisés … Ca y est, la roue tourne ! On imagine les têtes qu’on faisait les jours où on roulait vent de face …
Avant d’attaquer le ripio, nous profitons encore de 15 km d’asphalte, que nous parcourons encore en 30 minutes. C’est génial ! Le ripio est effectivement en mauvais état et même avec le vent dans le dos, nous avançons à une vitesse de 12 km/h. Ca secoue et le contenu de nos sacoches est littéralement retourné ! Le vent est vraiment très fort et il n’y a aucun abri sur la route pour notre pause déjeuner. Nous ne pouvons donc pas cuisiner et faisons un repas express de cookies et de fruits secs … Le ripio s’améliore sur les 25 derniers km, nous rejoignons la route asphaltée après une étape de 80 km : encore une vraie étape aujourd’hui ! Nous trouvons à planter notre tente à l’abri d’un hangar de l’administration de la voirie provinciale (AGVP), où se trouvent déjà 2 couples de cyclistes : 2 brésiliens et 2 américains, qui nous donnent beaucoup d’informations sur la route à venir.
Il nous reste 95 km pour rejoindre El Calafate, nous prévoyons de les parcourir en 2 jours car le vent redevient défavorable sur cette portion. Finalement, le lendemain, après 20 km, nous sommes épuisés. Nous poussons les vélos face au vent, nous n’avançons plus … Nous faisons du stop et trouvons un pick-up qui nous emmène directement à El Calafate. Nous sommes bien contents d’être arrivés avec un jour d’avance, nous sommes vraiment épuisés par le vent.
Nous nous reposons 2 jours au camping El Ovejero à El Calafate. Et nous en profitons pour aller voir le fameux glacier Perito Moreno, situé à 80 km de là. On a vraiment besoin d’une pause, donc on fait les touristes, et on y va en bus 😊
Le glacier est vraiment très impressionnant : son front fait environ 60 m de haut et des blocs de glace se détachent en permanence pour tomber dans le lac dans un tonnerre fracassant.
Comme vous pouvez le constater, le vent est toujours contre nous sur cette étape ! D’après les nombreux cyclistes que nous croisons dans l’autre sens, nous devrions en finir avec le vent d’ici El Chalten, à 200 km au nord d’El Calafate. Nous espérons donc que le vent ne sera plus le sujet principal de notre prochain article ! En attendant, croisez encore les doigts pour nous 😊
Les astuces des Increvables Voyageurs
💡 IOverlander, l’application des bons plans de bivouac : dès notre arrivée à Ushuaïa, on nous a conseillé d’utiliser cette application participative où les cyclistes, campeurs et autres routards indiquent les lieux où ils ont pu dormir ou planter leur tente. Elle nous est vraiment utile pour trouver des lieux abrités du vent (abris de bus, maison abandonnée, etc …) et la plupart des cyclistes que nous croisons l’utilisent aussi. Le plus est qu’elle fonctionne également hors ligne 😊
💡 MAPS.ME, l’application de cartes hors ligne : pour organiser nos étapes, nous utilisons cette application très
pratique. Nous avons téléchargé les cartes des pays où nous sommes en avance. Il est également possible de créer des favoris et des les organiser en liste : nous nous en servons pour noter les points que nous recommandent les cyclistes croisés en sens inverse 😉
💡 Le Parc Torres del Paine sans complication : randonner au Parc Torres del Paine peut se révéler très cher et compliqué à organiser. Le parc est en effet privé, il est interdit de camper hors des campings et tous les hébergements doivent être réservés dans les agences qui ont la concession du parc. Une nuit en refuge peut coûter jusqu’à 250 USD ! Organiser une visite au Parc sans se ruiner est le principal sujet de conversations des cyclistes et routards rencontrés dans les environs. Et bien que le fameux W (randonnée de 5 jours dans le parc) ou le circuit O (randonnée de 10 jours) soient de renommée internationale, de nombreux voyageurs abandonnent cette idée par manque de budget ou à cause d’une organisation qui semble excessivement compliquée.
Notre solution a donc été de camper au Refugio Laguna Amarga, à l’extérieur du parc, et de faire uniquement la randonnée d’une journée qui mène à la base des Torres. Une idée à étudier, si vous voulez profiter du parc à petit prix 😉
6 Commentaires
Aude&Ben
3 février 2018 le 14 h 36 minToujours du vent,… c’est pas cool…😱😳😱
Mais vos photos sont magnifiques !!
Profitez en bien, on pense à vous et on 🤞 pour le vent 😉
Pauline & Simon
3 février 2018 le 15 h 06 minMerci ! On devrait bientôt en avoir fini avec le vent, ça nous motive 😉
Isa
3 février 2018 le 16 h 40 minEspérons que le vent 💨 vous laissera tranquille ! En tout cas, photos magnifiques et qui me font partir bien loin de mon canapé. Arsène à adoré les manchots et voulait que vous en rameniez un. C’eût été rigolo, le manchot dans les sacoches !
Pauline & Simon
5 février 2018 le 12 h 58 minIl aurait pas aimé les déserts à venir je pense!
Pascal&Odile
8 février 2018 le 22 h 10 minSUPERBE. Plein les yeux…..et tout refroidis à cause du vent, et je ne vous parle pas de nos mollets ! Épuisés…par procuration On espère vraiment que ce vent va faiblir, retomber ou parfois vous porter un peu. On pense à vous.
Pauline & Simon
10 février 2018 le 18 h 55 minÇa y est, on a plus de vent maintenant ! Ça change tout 😊