Pour cette sixième étape de notre voyage, nous roulons au Chili et remontons jusqu’au sud de la capitale. Nous traversons des régions délaissées par les guides touristiques, qui nous donnent à voir un autre Chili, loin des circuits balisés. Nous voulions initialement rouler rapidement jusqu’à Santiago par l’autoroute mais avons décidé de prendre le temps le long de la côte. Comme ces régions sont moins touristiques que les précédentes, c’est également l’occasion pour nous de découvrir avec bonheur l’hospitalité chilienne.
Au programme : des rencontres, des projets associatifs, l’océan Pacifique, des plages, des vagues et du vélo …
L’étape en bref
Les chiffres de l’étape
Distance | 905 km // Total = 3 473 km |
Durée | 17 jours, dont 15 jours de vélo |
Crevaisons / Casses | 0 crevaison 🙂 |
Nuits | 4 nuits chez l'habitant 4 nuits en bivouac 4 nuits en auberge (Tomé, Cobquecura, Pichilemu) 3 nuits dans des associations (Oveja Verde à Victoria & Casa del Ciclista à San Antonio) 2 nuits en camping |
Le trajet
Nos coups de cœur
♥ La ville de Tomé : notre rencontre avec l’océan Pacifique, le retour de la pêche et les lions de mer
♥ La côte entre Cobquecura et Curanipe, avec ses grandes vagues et son relief découpé
♥ La Casa Del Ciclista à San Antonio
Nos aventures en détail
1. Jusqu’à Concepcion : la traversée du Chili
Au départ de Villarica, nous roulons en direction de Temuco, vers le nord-ouest. D’abord sur une route à double sens, sans dénivelé, où nous avançons à une moyenne de 16 km/h. Puis nous nous retrouvons pour 25 km sur la Ruta 5, l’autoroute qui traverse le Chili du Nord au Sud. Initialement, nous pensions emprunter cette route pour aller jusqu’à Santiago. Mais après ces 25 km, nous changeons vite d’avis : même si les bandes d’arrêt d’urgence sont larges, les véhicules roulent vite et il y a beaucoup de camions, nous devons être vigilants à chaque instant et plus particulièrement à chaque bretelle d’insertion. En plus, les alentours ne sont pas très beaux ! C’est donc décidé, après Temuco, fini la Ruta 5 !
A Temuco, nous sommes hébergés chez André, par le biais du site Couchsurfing. Son père est français, donc il parle un peu français et il est bien content de pratiquer avec nous 😊 Le lendemain, alors que nous devons partir, il pleut donc André nous propose de rester au chaud chez lui pendant qu’il va travailler. Nous le retrouvons ensuite le midi pour déjeuner chez ses parents, où il travaille dans l’entreprise familiale de pompes funèbres. Nous partageons donc un déjeuner typiquement chilien, en famille, un étage au-dessus de la réserve des cercueils !
Depuis que nous avons quitté Villarica, la campagne est vraiment très densément peuplée et il y a des petits villages tout au long de la route. Nous n’avons donc plus de problème d’approvisionnement comme dans le Sud. Nous ne sommes pas obligés de nous charger en nourriture et nous pouvons manger des produits frais tous les jours. A Temuco, nous découvrons également notre premier marché depuis le départ : c’est l’abondance de fruits et légumes frais !
Il pleut toujours l’après-midi où nous quittons Temuco, André et sa famille. Nous n’avons pas envie de rouler sous la pluie et étudions donc les différentes options qui s’offrent à nous pour la suite. Finalement, nous choisissons de prendre le train pour Victoria, une ville qui se situe 70 km au nord de Temuco. Il n’y a qu’un seul train à Temuco et c’est le train qui fait ce trajet : Temuco-Victoria, 70 km en 1h30. Après quelques négociations avec les contrôleurs, les vélos sont chargés dans le train sans souci !
A Victoria, nous avions repéré une association de recyclage de bouteilles en plastique, qui héberge des voyageurs en échange de quelques heures de travail. L’association s’appelle Oveja Verde, et c’est elle qui s’occupe du ramassage, du tri et de la revente (pour recyclage) des bouteilles en plastique de toute la ville. Sans cette initiative, les bouteilles en plastique ne seraient pas recyclées. Nous comprenons qu’il n’y a pas de directive nationale pour le recyclage des déchets et que si la municipalité ne s’en charge pas, rien n’est fait.
Le beau temps est revenu et nous roulons bien. Avec une moyenne de 15 km/h, nous effectuons trois grandes journées de pédalage entre 75 km et 95 km. Comme nous avons décidé de ne pas emprunter la Ruta 5, nous bifurquons vers l’ouest pour rejoindre l’océan. Avant d’y arriver, nous traversons la campagne chilienne et découvrons les vergers du pays. Comme le ciel est bien dégagé, nous apercevons même au loin les volcans de la Cordillère !
2. La découverte du Pacifique
Nous arrivons à Concepcion, ville de 200 000 habitants, à 18h. Certainement la pire heure où arriver en ville, surtout en vélo ! Nous nous retrouvons dans les embouteillages, parmi les bus, les taxis et les camions … et nous avons envie de repartir immédiatement ! Mais nous avons rendez-vous chez Herman, qui nous accueille pour la nuit, par le biais du site Warmshowers. Il a fait lui aussi des voyages en vélo au Chili et sait exactement ce qu’il peut nous offrir (ou alors, il l’a senti …) : une douche chaude et une lessive ! Herman vit en colocation avec Memo, qui fait sa bière artisanale (Gran Bagual). Nous cuisinons pour tout le monde et passons une bonne soirée à goûter des bières 😉
Nous quittons Concepcion et sommes pressés de rencontrer l’océan Pacifique ! Nous avons prévu une petite étape pour aller jusqu’à la station balnéaire de Tomé, 30 km au nord de Concepcion. La route qui relie les deux villes est un cauchemar pour nous … Ce n’est pas de l’autoroute mais c’est de la 2×2 voies avec des bas-côtés étroits ou inexistants et avec de nombreuses côtes. Ajoutez à cela une température de 30°C et vous comprendrez qu’on était bien contents d’arriver à destination ! Comme nous étions bien fatigués de nos derniers jours de roulage, nous nous offrons un jour de repos à Tomé, station balnéaire du Pacifique.
L’océan est très beau et les plages sont belles. La saison touristique est terminée et nous avons l’impression d’être les seuls touristes de la ville. Nous en profitons pour observer les pêcheurs qui rapportent des caisses de poissons et les poissonniers, fiers de nous montrer la fraîcheur de leurs produits. Nous faisons également une nouvelle rencontre avec les lions de mer. Une colonie s’est installée au bout d’un ponton, nous pouvons donc les approcher de très près. Les mâles rugissent vraiment comme des lions et on n’est pas vraiment rassurés d’être si proche d’eux … D’ailleurs, à force de jouer les paparazzis, Simon se fait courser par un mâle très imposant ! Plus de peur que de mal, les lions de mer ne courent pas très vite en réalité, ouf … !
Après notre journée de pause, nous sommes bien requinqués pour reprendre la route. Nous devons cependant quitter la côte pendant une centaine de kilomètres car il n’y a pas de route côtière à cet endroit. Nous reprenons donc la direction des terres, grimpons encore quelques centaines de mètres de dénivelé. Avec une température qui avoisine toujours les 30°C, chaque côte, si courte soit elle, est un vrai défi ! A 18h, en haut d’une côte justement, nous sommes en nage, entourés de forêts clôturées (de peur qu’elles ne s’échappent peut-être ?). Il y a un hameau et nous apercevons quelqu’un en train de repeindre une église. Nous lui demandons si nous pouvons planter notre tente dans son jardin, ou si il connait un endroit où il serait possible de camper. Finalement, il nous invite à passer la nuit chez lui ! Nous nous retrouvons donc invités chez Ruben et Eugenia, un couple de retraités, qui nous accueille comme des rois. Ce n’est pas la première fois qu’ils hébergent des voyageurs : il y a 4 ans, ils avaient également accueilli un autre couple de français qui voyageait à vélo ! Nous avons droit à des lits et à un traditionnel « once » chilien, c’est-à-dire un repas du soir à base de pain, fromage, confiture, thé et café.
3. La Ruta del Mar : vagues, ripio et surfeurs
Nous repartons le lendemain de chez Ruben et Eugenia, sans savoir comment les remercier de leur hospitalité spontanée. Nous roulons encore sous la chaleur et rejoignons la côte Pacifique le soir au village de Cobquecura. Nous avions prévu de camper sur la plage mais il se met à faire froid soudainement, le ciel s’assombri et le vent se lève … Comme on était bien à dormir au chaud hier, on se dit qu’on recommencerait bien ce soir aussi ! On se laisse tenter par la facilité et trouvons refuge dans une auberge.
Le lendemain, la route suit la côte. Juste à la sortie de Cobquecura, nous nous arrêtons pour visiter les « églises de pierres » : ce ne sont pas à proprement parler des églises mais des cavités creusées dans la roche par les vagues. Et vu la force des vagues ici, on comprend bien comment les cavités ont pu être creusées ! Le soir, nous nous arrêtons au camping municipal de Curanipe, petit village de pêcheurs de la côte, connu des surfeurs pour ses vagues. Nous y rencontrons Troels et Marc, deux autres cyclistes qui font le trajet dans le même sens que nous. Nous n’avions pas croisé de cyclistes depuis 2 semaines donc nous sommes contents de pouvoir discuter avec eux ! Le plus drôle, c’est qu’on se rend compte que Marc est parti d’Ushuaïa un jour après nous et qu’il a dû nous doubler dès son 2ème jour sans qu’on le rencontre avant aujourd’hui !
Nous prenons la route ensuite pour Constitucion, où nous devons être hébergés par Alejandro et Juanita, par le biais de Couchsurfing. Alejandro est ingénieur-mécanicien dans une scierie. Nous apprenons donc qu’une bonne partie de l’économie de la région repose sur l’exploitation du bois. Effectivement, ces derniers jours, nous avons traversé de nombreuses forêts d’eucalyptus et de pins, été doublés par de nombreux camions qui transportaient du bois et vu de nombreuses scieries. Ces forêts semblent d’ailleurs être un habitat parfait pour … les mygales ! Nous en avons déjà vu trois sur la route …
Après Constitucion, la route n’est pas intéressante et le ciel est couvert. Nous roulons jusqu’à Llico, sur la côte et nous nous arrêtons dans un camping désert. Sur une quinzaine de kilomètres, les hameaux touristiques se succèdent. Mais encore une fois, nous sommes hors saison et tout est vide : avec le temps menaçant, c’est même presque glauque !
Le lendemain, le ciel est toujours couvert lorsque nous nous remettons en selle. Aujourd’hui, nous retrouvons la piste pour 30 km. Et on peut vous avouer qu’elle ne nous avait pas manqué ! Cette piste-là grimpe de quelques centaines de mètres et nous nous retrouvons dans les nuages … Il fait froid et nous retrouvons nos faibles moyennes de la Carretera Austral. Le soir, en redescendant au niveau de la mer, la brume se dissipe et nous profitons d’une très belle lumière sur les marais salants de Lo Valdivia. Tout le hameau vit de l’exploitation du sel marin et nous plantons notre tente sous un hangar, près du terrain de football du syndicat des salines.
Nouvelle journée mais même météo : nous nous réveillons sous un ciel couvert. Comme hier, nous grimpons de quelques centaines de mètres et nous retrouvons dans les nuages, frigorifiés … Après 45 km, nous redescendons au niveau de la mer, à la ville de Pichilemu, réputée pour ces vagues propices au surf. Nous y trouvons une auberge de jeunesse où passer la nuit et profitons des derniers rayons de soleil de la journée car le ciel s’est enfin dégagé ! Le lendemain, nous partons tard mais roulons avec un beau ciel bleu. Nous quittons le bord de mer et nous nous retrouvons dans un paysage de savane : de grandes herbes sèches et des arbustes bas. On s’attend à voir surgir un lion où une girafe d’un moment à l’autre ! Nous passerons la nuit sous la tente, sous le auvent d’une église d’un petit hameau.
Pour la fin de cette étape, nous roulons jusqu’à San Antonio, ville de 100 000 habitants, à 100 km au sud de Valparaiso. Nous avons rendez-vous avec Cesar et Felipe, à la Casa Del Ciclista. C’est une association pour la promotion du vélo en ville, qui milite pour la création d’une piste cyclable à San Antonio. Elle abrite aussi un atelier de réparation de vélos et dispose d’une chambre qu’elle met à disposition des voyageurs de passage. En rigolant, Cesar nous dit qu’ils sont les deux seuls cyclistes de la ville avec Felipe. Et c’est vrai que nous n’en avons pas croisé d’autres en chemin … Mais comme la ville est traversée par une voie rapide où circule de nombreux camions, on comprend que tout le monde n’ait pas envie de pédaler ici ! Nous échangeons avec Cesar et Felipe sur les voyages en vélo qu’ils ont fait et sur le vaste sujet du vélo, surtout du vélo en ville, en partageant notre expérience lyonnaise.
Nous passerons deux nuits à la Casa Del Ciclista, à nous reposer et à bichonner nos vélos. Nous sommes maintenant prêts à reprendre la route pour rejoindre Valparaiso et Santiago où nous prévoyons une petite semaine de visite et de repos !
Quelques spécificités chiliennes vues par les Increvables Voyageurs
💡 En chilien, tout est petit ! Tout le monde nous dit que l’espagnol parlé au Chili est l’un des plus difficile à comprendre car les Chiliens coupent des mots et utilisent des mots qui leur sont propres. Nous ne maîtrisons pas encore parfaitement le chilien, mais ce que nous avons appris, c’est qu’au Chili, tout est petit ! On ne nous proposera pas un thé ou un café mais un técito (= un petit thé) ou un cafecito (=un petit café). Pour l’eau, pour le pain, pour un verre, un sac, tout est pareil ! En rajoutant -cito, -cita, -ito ou -ita à la fin des mots, on arrive presque à se faire passer pour des chiliens 😉
💡 El Once : nous avons découvert la tradition du Once chez Ruben et Eugenia, qui nous ont spontanément hébergé pour une nuit. Plus de 2/3 des chiliens ne mangent pas vrai repas du soir comme nous en avons l’habitude en France, mais prennent uniquement un repas à base de pain, fromage, charcuterie, confiture accompagné de thé ou de café. Un repas du soir sur le pouce qui est très proche de ce que l’on peut trouver au petit-déjeuner d’ailleurs !
💡 Hay pan. Tiene pan ? No. Comme nous l’avons compris en découvrant la tradition du Once, le pain est un élément très important du repas chilien. Mais se procurer du pain peut parfois être un vrai casse-tête ! Tous les petits supermarchés des villages affichent fièrement un écriteau « Hay pan » (=il y a du pain), parfois même « Pan amasado » (=pain fait maison), mais une fois à l’intérieur, lorsqu’on veut acheter du pain, on nous répond souvent qu’il n’y en a pas … On court alors de kiosques en mini-marchés pour trouver la précieuse denrée !
5 Commentaires
PELHÂTE
14 avril 2018 le 16 h 16 minLa parenté Pehâte Blancféné vous suit et vous n’êtes pas oubliés. Comment va la santé des vélos et la maintenance électrique pour réaliser vos reportage; trouvez vous du 220volts lors de vos étapes pour compléter ce que fournissent vos vélos?
Nous vous souhaitons tout de bon,
Yves-Pierre et Françoise.
Pauline & Simon
14 avril 2018 le 22 h 55 minMerci pour les messages d’encouragement, ça nous fait plaisir d’être suivis et supportés ! La santé va bien, les vélos aussi et pour l’instant on trouve de l’électricité partout donc nous n’utilisons même pas la dynamo de nos vélos ! On espère que vous aller bien aussi et on vous embrasse bien fort.
denis
17 avril 2018 le 22 h 13 minTrès bonne question PELHÂTE que je n’avais pas imaginée depuis votre départ. Vous avez affiné le chemin alternatif vers le Nord compte tenu de la fermeture du col en haute altitude ? que vous souhaitiez prendre ?
bises
papa
Pauline & Simon
23 avril 2018 le 14 h 46 minOn repasse directement en Argentine au niveau de Mendoza, par le col du Cristo Redentor !
christine
22 avril 2018 le 0 h 00 minMerci pour vos récits et photos font rêver . je pense bien à vous et vous souhaite de continuer le voyage avec le même enthousiasme … communicatif !!
Je vous envoie plein de bisous de mon ouest à moi . Portez vous bien