Carnet de route

La Cordillera Huayhuash et le parc Huascaran : en vélo, au plus près des cimes

Pour cette quatorzième étape de notre voyage, nous quittons la route principale du centre du Pérou pour parcourir deux pistes au milieu de paysages à couper le souffle. Nous commençons par la Cordillera Huayhuash et grimpons nos premiers cols à plus de 4.700 m d’altitude. Après une petite pause dans la ville de Huaraz, nous enchaînons sur le parc Huascaran au milieu de la Cordillera Blanca. Ces pistes nous ont bien donné du fils à retordre mais nous avons été récompensés par des paysages hors normes.

Au programme : des cols à plus de 4.700 m, des pistes caillouteuses, des sommets enneigés à plus de 6.000 m, des glaciers et du vélo …


L’étape en bref

Les chiffres de l’étape

Distance500 km // Total = 8 042 km
Durée18 jours, dont 11 jours de vélo
Crevaisons / Casses3 crevaisons 🙁
Nuits11 nuits en auberge
5 nuits en bivouac
2 nuits dans divers lieux (ONG, municipalité, ...)

Le trajet

Nos coups de cœur

♥ La Cordillera Huayhuash
♥ La « boucle » dans le parc du Huascaran, au cœur de la Cordillera Blanca


Nos aventures en détail

1. La Cordillera Huayhuash, nos débuts au milieu des sommets enneigés

De Cerro de Pasco, où nous vous avions laissé la dernière fois, nous quittons la route principale pour rejoindre la piste. Ah qu’est-ce que c’est dur de reprendre de la piste ! Le vélo vibre dans tous les sens et nous sommes secoués à chaque coup de pédale. S’il n’y avait pas la promesse de paysages sauvages et de montagnes grandioses, c’est certain que nous ne serions pas passé par ici. Au moins, nous laissons derrière nous la circulation et nous sommes bien tranquilles, tout seuls sur nos vélos.

Cordillera Huayhuash - Vue sur les sommets au loin
Cordillera Huayhuash - Petit alpaga dans la montagne

Pour cette première journée, nous n’avons presque pas de dénivelé positif et terminons même la journée par une petite descente jusqu’au hameau de Pomayaros. Nous apercevons déjà au loin quelques sommets et une route en lacets qui monte dans la montagne et qui semble être celle que nous devons emprunter pour la suite.

Cordillera Huayhuash - Vue sur les sommets au loin
Cordillera Huayhuash - Piste en lacets
Cordillera Huayhuash - Alpagas dans la montagne

Au hameau de Pomayaros, nous cherchons un lieu pour dormir. Il va certainement faire froid cette nuit et nous préférerions nous faire héberger dans un local plutôt que de monter la tente. Sur un coin de la place centrale, deux mamies forment des bobines de laines. Nous leurs demandons s’il y a une salle ou un local communal dans lequel nous pourrions dormir. L’une d’elle nous dit d’aller voir son fils, qui est l’intendant gouverneur, et qui pourra certainement nous aider. Celui-ci comprend rapidement notre demande et nous ouvre un bureau municipal. S’en suit une sorte d’interrogatoire : « Quel est le but de votre voyage ? », « Quelle est votre profession ? », « Depuis combien de temps êtes-vous au Pérou ? », … Il nous avouera par la suite que nous sommes les premiers « touristes » qui demandent à être hébergé ici et que les seuls gringos qui passent par ici viennent généralement prospecter pour des entreprises minières. Même les enfants du village nous demanderont le lendemain si nous venons « chercher des cailloux » ! Ah non, nous on se promène juste en vélo 😉

Après une nuit bien au chaud, nous nous attaquons à notre premier très grand col. La montée sera longue, et Simon crèvera 2 fois dans la journée ! Il est presque 16h lorsque nous arrivons enfin au col. Nous sommes à plus de 4.700 m d’altitude, c’est le plus haut col de notre voyage ! D’ici, nous redescendons rapidement à la ville d’Oyon, 30 km de descente plus loin.

Cordillera Huayhuash - Sommets enneigés
Abra Ucchuchacua
Cordillera Huayhuash - Pauline
Cordillera Huayhuash - Simon

A Oyon, nous prenons une journée de repos car après 2 jours de piste, nous avons mal partout et nos muscles ont besoin de se reposer. Nous n’avions plus fait deux journées de piste consécutives depuis la Carretera Austral, au Chili ! Malheureusement, nous tombons en pleine fête de la vierge et nous aurons droit à 24h de fanfare et de feux d’artifices sans interruption … 24h !

Après cette journée de « repos », nous retrouvons la piste et entrons enfin dans la Cordillera Huayhuash. Nous avons un nouveau col à plus de 4.700 m à monter, soit presque 1.200 m de dénivelé positif. Les paysages sont magnifiques ! Les sommets enneigés nous entourent et les glaciers nous surplombent. La route grimpe d’abord au fond d’une vallée, puis ce sont de véritables lacets dignes du Cristo Redentor qui nous attendent pour atteindre le sommet. La montée est raide et nous arrivons encore une fois au col peu avant 16h.

Cordillera Huayhuash - Arrivée à la route du col
Cordillera Huayhuash - Sommet
Cordillera Huayhuash - Habitations

Pour fêter notre arrivée, le ciel nous envoie quelques grêlons … Nous ne nous attardons pas au col et commençons à redescendre. Mais avec la grêle qui nous fouette le visage, ce n’est vraiment pas très agréable. Une mine est exploitée dans ces montagnes et nous trouvons à nous abriter dans un container vide de la mine. Nous y passerons finalement la nuit, protégés des éléments.

Au réveil, à 4.600 m d’altitude, il fait froid ! Heureusement que nous avions notre container pour nous protéger. La neige/grêle qui tombait hier a un peu tenu sur le bord de la route. Nous prenons la route tôt et il fait encore bien froid lorsque nous enfourchons nos vélos. Le ciel est voilé et le soleil ne nous réchauffe pas encore. La piste descend, nous perdons rapidement de l’altitude et regagnons quelques degrés. Nous longeons de belles lagunes et profitons une dernière fois de la vue sur les beaux sommets enneigés de cette chaîne de montagne. Après une grosse journée de vélo, nous arrivons au village de Baños, où nous trouvons une petite auberge.

Cordillera Huayhuash - Lagune après le col
Cordillera Huayhuash - Maisons traditionnelles
Cordillera Huayhuash - Enfant berger

Pour rejoindre le prochain village, deux choix s’offrent à nous : la piste principale de 50 km, ou une piste secondaire de 40 km. Nous choisissons vraisemblablement la mauvaise option pour rejoindre La Union. Recommandée par deux dames croisées la veille, plus courte de 10 km que la piste principale, elle grimpe sec mais est surtout parsemée de gros cailloux qui nous empêchent de pédaler et nous obligent à pousser les vélos. Pour parfaire le tableau, le temps est à la pluie et nous nous prendrons quelques gouttes. Après 1h sur cette piste, nous avons fait 3 km … Sachant qu’elle en fait 40, nous commençons à désespérer.

C’était sans compter sur Dilmer, notre sauveur ! Il travaille pour la mine et passe sa journée à faire des allers-retours entre les villes et villages des alentours. Nous l’avons déjà croisé 3 fois sur notre route d’hier ! Alors, comme il nous reconnaît et nous voit bien galérer, il nous propose de nous emmener au bout de la piste. Nous n’hésitons pas un instant et chargeons nos vélos à l’arrière de son pick-up. Même en voiture, on sent bien que la route est en très mauvais état … Merci beaucoup Dilmer 😊

Cordillera Huayhuash - Montagnes qui se reflètent dans une lagune
Avec Dilmer
Cordillera Huayhuash - Lagune et sommets enneigés

Déposés à La Union en fin de matinée, nous décidons de pousser jusqu’au village suivant, Huallanca. Malheureusement, le ciel continue de faire des siennes et nous roulerons 3h sous la pluie … Notre programme initial nous faisait rejoindre Huaraz en coupant par le sud du parc Huascaran, sur la piste du Pastoruri. En réalité, il en sera autrement.

Le lendemain, alors que nous nous apprêtons à partir, nous tombons sur Loris et Marc, deux étudiants grenoblois à vélo que nous avions rencontré à Cusco. Ils reviennent tout juste de la piste du Pastoruri et se sont pris la pluie eux aussi. Les prévisions météo n’annoncent rien de bon pour les prochains jours. Nous décidons donc d’oublier la piste du Pastoruri et de prendre un bus directement pour Huaraz, qui nous évitera de rouler 3 jours sous la pluie.

A Huaraz, nous nous installons à l’auberge El Tambo. C’est un véritable repère de cyclistes, d’alpinistes et de hippies en tout genre. Nous nous y sentons bien et y restons 4 jours. Le temps de se reposer, d’aller acheter des fruits au marché pour en faire des jus, de faire un gâteau au chocolat, … Bref, de profiter de ne rien faire 😊

2. Dans la Cordillera Blanca : le Parc du Huascaran, de Huaraz à Caraz

Nous arrivons finalement à quitter Huaraz et décidons de partir pour une dernière étape de montagne avant de rejoindre la côte péruvienne : une boucle dans le parc du Huascaran, au cœur de la Cordillère Blanche. Nous avons encore 2 cols à plus de 4.700 m d’altitude à passer, et ce sera certainement la dernière fois de notre voyage que nous monterons aussi haut à vélo.

Notre boucle commence véritablement à Carhuaz, une trentaine de kilomètres après Huaraz. D’ici, nous commençons à monter notre premier col du parcours. Nous devons grimper 2.100 m de dénivelé en 48 km. Ce premier col est entièrement asphalté ce qui nous facilite grandement la tâche. En début d’après-midi, nous arrivons au village de Shilla, juste à l’heure de la sortie des classes. La rue qui traverse le village est en pente très raide et nous poussons nos vélos. Les enfants se joignent à nous et jouent même à faire la course entre ceux qui poussent le vélo de Simon et ceux qui poussent le vélo de Pauline ! Résultat, nous avançons comme si nous avions un moteur 😊

Parc Huascaran - Montée au col Punta Olimpica
Parc Huascaran - Vue du Huascaran Sud

Pour cette première nuit du parcours, nous trouvons à un petit coin de bivouac en contrebas de la route, au bord d’un torrent. Nous n’avions plus eu de bivouac sauvage depuis un moment, ça nous rappelle la Patagonie et ça nous fait du bien. Nous sommes juste avant l’entrée officielle du parc du Huascaran, ce qui nous permettra de passer tôt le lendemain matin.

Alors que nous avions commencé la montée dans une vallée, nous arrivons bientôt devant un mur de lacets. A mesure que nous grimpons, nous nous rapprochons des sommets du parc et de leurs beaux glaciers. Le ciel est bien dégagé, nous avons une vue absolument splendide ! Nous ne pédalons pas pour rien, nos efforts sont récompensés 😊

Parc Huascaran - Sommet Contrahierbas
Parc Huascaran - Simon vers le Punta Olimpica

Nous arrivons au col bien essoufflés et découvrons le tunnel qui doit nous faire passer de l’autre côté de la montagne. Car oui, ce col là est en réalité un tunnel, mais le tunnel le plus haut du monde paraît-il, à 4.736 m d’altitude ! C’est parti pour 1,5 km dans le noir complet. L’expérience n’est pas forcément agréable et nous sommes bien contents de ressortir au grand jour.

Parc Huascaran - Huascaran Sud
Parc Huascaran - Tunnel Punta Olimpica
Parc Huascaran - Pauline

De la sortie du tunnel, nous entamons une belle et longue descente de 30 km pour rejoindre le village de Chacas. Ce village a la particularité d’héberger une ONG catholique italienne « Opération Mato Grosso » qui œuvre pour le développement de la vallée en aidant les familles les plus pauvres, notamment en leur offrant de travailler dans un atelier de sculpture du bois. D’ailleurs, toutes les maisons du village ont de magnifiques balcons ouvragés en bois. Le village de Chacas est de ce fait l’un des plus beaux villages que nous ayons vu du Pérou. Cette ONG offre aussi un lit aux vagabonds qui sont de passage, comme nous. Nous y passerons donc une nuit.

Chacas - Vue sur les montagnes
Chacas - Eglise
Chacas - Balcon en bois

Après une bonne nuit, nous faisons nos derniers kilomètres du parc sur de l’asphalte. Commence alors pour nous un véritable enfer. La piste que nous empruntons maintenant est définitivement la plus mauvaise de tout notre voyage … et elle dure 28 km … en montée ! Bref, nous poussons beaucoup nos vélos pour avancer. Après un bivouac avec vue sur les glaciers, nous en finissons avec cette montée et arrivons enfin au col, à 4.050 m d’altitude.

Parc Huascaran - Pauline qui pousse dans la montée
Parc Huascaran - Fleur bleue
Parc Huascaran - Fleur rouge
Parc Huascaran - Vaches sur la piste

Nous redescendons pendant 10 km, jusqu’au village de Yanama, à 3.400 m d’altitude. D’ici, nous repartons directement pour le dernier col de cette boucle. Nous avons encore 33 km avant d’atteindre de nouveau 4.720 m. Toujours sur de la piste, un peu moins mauvaise, nous reprenons doucement de l’altitude. Nous trouvons un petit coin de bivouac au bord d’une rivière. Il est déjà 17h, le soleil se couche dans 1h, et nous n’avons qu’une seule envie : monter la tente rapidement et préparer nos habituels spaghettis. Malheureusement, nous nous rendons compte que l’alcool que nous avons acheté pour notre réchaud est certainement coupé à l’eau … Il ne s’allume donc pas, mais alors vraiment pas 🙁 Pour manger chaud, nous n’avons plus qu’une seule solution : faire un feu ! C’est donc au feu de bois que nous cuisinerons ce soir 😉

Nous terminons difficilement la montée au col le lendemain. Nous avons encore une fois beaucoup poussé. En prenant notre temps, quelques peu malgré nous, nous avons bien profité des sommets qui nous entouraient. C’est un vrai plaisir d’être en vélo dans un tel environnement.

Parc Huascaran - Simon et le Huascaran Nord
Parc Huascaran - Laguna Morococha
Parc Huascaran - 2eme col

Arrivés au col, nous avons une vue plongeante sur les lacets qui nous attendent pour la descente. Le sommet Huascaran, qui donne donc son nom au parc, joue à cache-cache avec les nuages. Nous attendions la descente avec impatience, mais compte-tenu de la qualité de la piste, celle-ci est tout sauf agréable … Heureusement que le ciel se dégage et que nous profitons de la belle lumière de fin d’après-midi sur les glaciers. Nous passons à côté de deux belles lagunes et tout à coup … Pauline crève ! Il se fait déjà tard, nous ne sommes pas en avance et décidons donc de regonfler tous les 2-3 km pour faire les 10 km qu’il nous reste aujourd’hui, plutôt que de perdre 30 minutes à changer la chambre à air.

Nous sortons du parc juste avant 18h et filons directement boire une bière artisanale Sierra Andina dans un petit container installé quelques centaines de mètre plus loin. Après tout ces efforts, on avait bien droit à un peu de réconfort 😊 Comme il se fait déjà tard, nous demandons au propriétaire du bar/container si nous pouvons camper à côté cette nuit. Il accepte sans hésiter.

Parc Huascaran - Descente du 2eme col
Parc Huascaran - Bivouac au container-bar Sierra Andina
Parc Huascaran - Chopicalqui

Le lendemain, après avoir réparé la crevaison de Pauline, nous reprenons la piste pour 17 km de descente avant de retrouver la route principale à Yungay. Nous retrouvons l’asphalte, bonheur, en descente, re-bonheur, et continuons jusqu’à la ville de Caraz.

A Caraz, nous prenons une journée de repos avant de quitter définitivement les montagnes péruviennes pour pédaler en direction de la côte. On vous promet donc un changement de décor au prochain épisode 😊

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